Portraits

Dread, Le Scout… de Mayotte

Le musicien mahorais Dread a accepté de rencontrer la Tribune de Mayotte lors de son bref séjour en France l’été dernier. Ce natif d’Acoua, éperdûment amoureux de la musique Reggae a quitté Mayotte pour s’installer en Irlande où il continue à nourrir sa passion Reggae et se perfectionner en anglais, langue d’origine du Reggae.

Initiative courageuse. Le choix des artistes mahorais de s’installer à l’étranger demeure exceptionnel, voire rare. Très peu osent franchir la frontière pour découvrir les arcanes de la culture musicale du monde et l’occasion de promouvoir la diversité de la culture de Mayotte. Un cas rarissime. Il faut oser.

Et pour cause, la barrière de la langue mais aussi le manque du goût du risque. S’y ajoute l’acclimatation, c’est-à-dire l’adaptation à l’environnement naturel et social. Ceci nécessite évidemment de véritable sacrifice. C’est regrettable quand on sait que la musique est universelle.

La plupart des musiciens se produisent rarement en dehors de la frontière malgré le désir exprimé à l’étranger de découvrir la culture musicale de Mayotte. Une culture traditionnelle, conviviale, originale et chaleureusement authentique.

Dread, lui, a osé franchir le pas. Il a pris son envol. Après quelques années passées en France métropolitaine, il a fait ses valises direction Irlande (pays de guinness, cette bière brune typiquement irlandaise mondialement reconnue) avec seul leitmotiv se perfectionner en musique Reggae. Pourquoi pas la Jamaïque, pionnière du Reggae? A cette question, Dread nous répond baba coolment que «l’aventure n’est pas terminée. Elle est en marche. Pourquoi pas, un jour se rendre à ce pays de Bob Marley qui a marqué la vie de Reggae. Et surtout, le berceau de ce style de musique devenu planétaire. C’est le rêve de tous les reggaemen».

Dread est né en 1980 à Mayotte, Île française de l’océan indien. Dès son jeune âge, il rêvait de chanter le reggae. Le style de musique que les mahorais apprécient par-dessus tout.

A 15 ans, dans son banga, Dread écrivit et composa des chansons inspirées de la vie quotidienne de son village, Acoua: dégradation de l’environnement, la déchéance morale (perdition) des jeunes filles en particulier, la petite délinquance. Dread n’hésita pas, à l’occasion des fêtes tradionnelles du village, de produire des prestations accueillies par une avation.

Arrivé en France 1999, Dread n’a pas lésiné sur les moyens. Il a concentré ses efforts et ses moyens pour la sortie de son premier album: Environnement sorti en 2001. Un album Reggae et Mgodro qui a connu un franc succès dans l’Île de Mayotte. La consécration d’un rêve. Mais surtout, un début d’une aventure dans l’univers musical rasta. Dans cet album, l’auteur-compositeur est resté fidèle à ses aspirations et à son combat en faveur de la protection de l’environnement. Le message noble est arrivé jusqu’aux oreilles des récalcitrants et des inconscients. Depuis, le message est relayé sur les ondes des stations radio de l’Île.

Le succès de ce premier album a comblé Dread. Il s’est senti poussé des ailes. En 2004, il revient avec un album encore percutant et saisissant – voire engagé- Dread, Le Scout. Un virtuose engagé. Un cocktail de reggae et de musique traditionnelle mahoraise. La diaspora mahoraise s’en raffole.

Aujourd’hui, installé à Galway (Irland), Dread, Le scout de Mayotte continue son bonhomme de chemin. Il élargit son horizon culturel avec en perspective la sortie de son troisième album. Dont il refuse pour l’heure de nous divulguer le titre. Mais, nous prévient que ce bijoux sera à l’image de son esprit aventureux et consciencieux. Le désormais ambassadeur outre-Manche de la musique de Mayotte ambitionne de jouer un jour dans la cour des grands.

Dread comme les rasta reste fidèle à ses dreads locks qu’il ne cessent de tripoter lors de notre rencontre. Dread, l’homme rasta. Dread, le Scout…de Mayotte. Du haut de ses 1m76, L’homme avoue habiter en lui le rastafarisme qu’il croit être le vecteur de la tolérance et de la paix. C’est selon lui, le Rasta c’est « peace and Love ».

Kaya M.

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