En ce 1er mai, les rues de France métropolitaine et des Outre-mer se parent de deux traditions bien ancrées : les défilés syndicaux et les vendeurs de muguet à chaque coin de rue. C’est le seul jour de l’année où l’on peut vendre des fleurs sans autorisation, et où l’on manifeste massivement pour les droits des travailleurs, sans que cela étonne qui que ce soit. Ce jour férié, chômé et payé — fruit de longues luttes ouvrières — est autant une fête qu’un rappel.
Depuis 1947, le 1er mai est officiellement la Fête du Travail en France. Mais bien avant sa reconnaissance légale, il était déjà une date marquée du sceau des revendications. En 1886, à Chicago, les ouvriers exigeaient la journée de huit heures. Un combat repris dans le monde entier, et qui trouve encore aujourd’hui des échos dans les cortèges : temps de travail, salaires, retraites, conditions de vie… Les raisons de battre le pavé ne manquent pas.
À cette journée militante se mêle une coutume bien plus ancienne et plus douce : l’offrande de muguet. Ce geste, aux airs bucoliques, puise ses racines dans la Renaissance, quand Charles IX décida de faire de ce brin délicat un porte-bonheur officiel. Depuis, offrir du muguet le 1er mai est devenu un rituel, une manière d’envoyer un message d’espoir et de chance, souvent glissé dans la main d’un proche ou d’un inconnu, au détour d’un marché ou d’une manif.
La région nantaise, reine du muguet, se prépare chaque année avec soin pour cette journée unique. Il faut trois ans pour obtenir un brin de qualité, trois ans pour que la nature suive son cours avant d’offrir ses clochettes blanches au moment précis où les travailleurs défilent, pancartes à la main, chants en chœur.
Le 1er mai, c’est donc cela : une journée entre parfum de fleurs et sueur militante, où le bonheur s’offre autant en brins qu’en slogans. Un jour où la France se rappelle que le travail n’est pas qu’une obligation, mais un droit à défendre, à encadrer, à humaniser.
M. Kaya, directeur de publication
