Billet

Acoua a brûlé un peu plus que du métal

Véhicule brûlé dans une ruelle à Acoua

Il était un peu plus de trois heures du matin quand le silence d’Acoua a été brisé. Une voiture en flammes, des cris, des sifflements, le claquement des portes et des fenêtres qu’on ouvre à la hâte, et ce bruit sourd, presque inquiétant, d’un réservoir qui explose. Dans cette ruelle étroite où chaque mètre compte, où les maisons respirent les unes sur les autres, le feu aurait pu tout emporter.

Mais ce soir-là, c’est la solidarité qui a pris le dessus, avant que le pire ne se produise. Les habitants ont réagi avec sang-froid : ils ont couru, déplacé leurs véhicules, crié pour prévenir, pendant que les pompiers arrivaient en urgence, sirènes déchirant le silence de la nuit, pour contenir la fureur des flammes. On ne peut que saluer leur réactivité, ainsi que celle des secours, intervenus avec efficacité et professionnalisme.

Mais certaines questions méritent d’être posées. Car cette voiture, personne ne l’ignorait. Elle dormait là depuis des mois, rouillée, oubliée mais bien visible, comme un symbole de désintérêt. Elle faisait partie du décor, comme si l’abandon avait sa place dans nos rues. Et puis cette nuit-là, elle a décidé de se rappeler au souvenir de tous — dans un fracas de flammes et de peur.

Alors on parle d’un individu qui aurait fui en courant, on murmure des rumeurs, on devine un geste volontaire. Peut-être. Peut-être pas. Mais on sent bien que ce n’est pas un fait isolé, pas totalement. Ces derniers temps, Acoua frémit, frémit un peu trop. Et il serait temps qu’on y prête une oreille un peu plus attentive. Ce n’est pas juste une voiture qui a brûlé cette nuit-là. C’est aussi un symbole de ce qu’on laisse traîner, de ce qu’on regarde sans voir, de ce qu’on finit par accepter, jusqu’à ce que ça explose — littéralement. Il n’y a pas de petit feu quand la confiance commence à se consumer.

M. Kaya, directeur de publication

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