Ce lundi 21 avril, le président Emmanuel Macron foule une nouvelle fois le sol mahorais, le 101ème département. Quatre mois après le cyclone tropical Chido, qui a laissé derrière lui une île dévastée et meurtrie, cette visite se veut symbolique. Mais la symbolique ne nourrit pas, ne loge pas, ne reconstruit pas. Et à Mayotte, c’est bien cela que les habitants attendent aujourd’hui : des actes concrets.
Le ballet des ministres s’est intensifié ces dernières semaines. Manuel Valls, ministre des Outre-mer, devenu presque un habitué de l’île, s’est montré à quatre reprises depuis le passage du cyclone. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a pris le relais. Et maintenant, c’est au chef de l’État lui-même de revenir, après une première visite en décembre dernier, au lendemain du désastre.
Mais cette fois, l’ambiance est différente. L’urgence de l’après-cyclone Chido et Dikeledi a laissé place à une impatience grandissante. Les promesses formulées ces dernières années qu’elles concernent le logement, l’éducation, la sécurité peinent à se concrétiser. Les Mahorais, impatients et épuisés par l’attente, veulent voir. Ils veulent voir des pelleteuses sur les routes, des chantiers ouverts, des écoles réparées. Ils veulent voir des solutions concrètes et durables.
Dans cette attente, un espoir subsiste : celui de voir Mayotte prendre enfin sa place dans la Commission de l’Océan Indien (COI). Le sommet prévu à Antananarivo le 24 avril, que présidera Emmanuel Macron, pourrait bien être une première pierre vers cette reconnaissance régionale. Mais là encore, les mots ne suffisent pas. Il faudra convaincre les voisins, notamment les Comores, rassurer les sceptiques, et surtout montrer que Mayotte n’est pas une simple extension administrative, mais un acteur à part entière dans la région.
Le président de la République arrive à Mayotte dans un climat de défiance. Il a désormais entre les mains une opportunité rare : celle de redonner espoir à un territoire trop souvent oublié, de prouver que l’État ne se contente pas de visiter, mais qu’il s’investit, écoute et agit. Ce lundi, plus qu’un discours, c’est un cap que les Mahorais attendent. Et ce cap, il est grand temps de le tracer.
M. Kaya, directeur de publication
