Ce samedi 1er novembre, le village de M’tsangadoua a vécu une journée empreinte d’émotion et de reconnaissance. Sous le chapiteau dressé pour l’occasion, anciens élèves, enseignants, familles et habitants se sont réunis pour célébrer ceux qui ont consacré leur vie à transmettre le savoir et les valeurs de l’école républicaine.
Parmi les enseignants honorés, Zoubert Rachidi incarne à lui seul une époque où l’école du village était à la fois un lieu d’apprentissage, de discipline et de fraternité. Ancien instituteur respecté et pédagogue passionné, il a formé des générations entières d’élèves, dont beaucoup sont aujourd’hui devenus enseignants, agents publics, soignants ou entrepreneurs. Ému par l’hommage rendu par ses anciens élèves, il a accepté de revenir, pour acoua-info, sur les souvenirs de sa carrière, son regard sur l’évolution de l’école et le sens profond de cette reconnaissance collective.
Que ressentez-vous en voyant vos anciens élèves réunis pour vous rendre hommage ?
Ce n’est qu’une joie, parce qu’ils ont reconnu le travail que j’ai fait pour leur transmettre des connaissances.
En repensant à votre carrière, quels souvenirs restent les plus marquants ?
J’ai passé la plus grande partie de ma carrière en classe de CM2. Depuis l’époque où les élèves devaient passer le concours d’entrée en 6ᵉ, j’étais déjà là. Je me souviens d’une année où j’avais 27 élèves : ils ont tous été admis. C’était une fierté, à une époque où la réussite se gagnait à la sueur des efforts et de la discipline.
Les élèves d’aujourd’hui sont-ils très différents de ceux de vos débuts ?
Les temps ont changé. Aujourd’hui, on ne peut plus prier à voix haute, ni hausser le ton, encore moins lever la main sur un élève, même lorsqu’il dépasse les bornes. Autrefois, les parents étaient nos alliés : ils disaient “si mon enfant fait une bêtise, avertissez-moi”. Cette complicité rendait les élèves plus attentifs, plus respectueux. Ils faisaient des efforts et écoutaient le professeur.
Quel message aimeriez-vous transmettre aux jeunes enseignants qui prennent la relève ?
Quand l’enfant est en classe, il faut lui demander de l’effort, du courage, de l’assiduité, tout en respectant le contexte actuel. On doit chérir tous les élèves plutôt que de les menacer. La discipline d’antan n’est plus toujours envisageable ; la pédagogie moderne exige davantage de souplesse et d’accompagnement — aider ceux qui veulent, et même ceux qui résistent.
Comment percevez-vous la reconnaissance de vos anciens élèves après tant d’années ?
Ces anciens élèves gardent de bons souvenirs et ont compris que l’école est une chose essentielle, et que le professeur en est le pilier. À notre époque, la pédagogie visait à former les futurs travailleurs, les futurs bacheliers, les citoyens de demain. J’ai donné tout ce que je pouvais pour cela, et je suis fier d’eux. S’ils estiment aujourd’hui que j’ai été à la hauteur, alors c’est la plus belle des récompenses.
Que souhaitez-vous dire à vos anciens élèves qui vous ont rendu ce bel hommage ?
Je n’ai pas grand-chose à dire, sinon merci. Les cadeaux qu’ils m’ont offerts sont avant tout des marques de reconnaissance. J’ai simplement fait mon travail : j’ai aidé le village, j’ai accompagné les enfants, j’ai soutenu les élèves. Aujourd’hui, ils sont grands, capables d’aller plus loin encore. Ce qu’ils ont accompli, ce qu’ils m’ont offert, vaut bien plus que tout ce que j’aurais pu espérer. Merci à eux.
Propos recueillis par Dylan Radio Carrefour, M. Kaya
