Cyclones

Chido. L’abandon de Mayotte face à la catastrophe

Mayotte pleure ses morts. L’île est dévastée, meurtrie, privée de tout. Depuis le passage du cyclone Chido, le plus violent de son histoire récente, Mayotte n’est plus qu’un champ de ruines. Au Nord et au Sud, les habitants sont coupés du monde : sans réseau, sans électricité, sans eau potable. La population, livrée à elle-même, lutte dans le silence et l’indifférence. Cette catastrophe naturelle, annoncée et pourtant si mal anticipée, révèle une vérité brutale : Mayotte est une fois de plus le parent pauvre de la République.

Une île vulnérable et oubliée

Depuis des années, Mayotte souffre d’un sous-développement chronique. Manque d’infrastructures, précarité généralisée, crise migratoire permanente… L’île vit déjà une situation d’urgence au quotidien. Le cyclone Chido n’a fait qu’exacerber ces fragilités, balayant des maisons précaires comme des châteaux de cartes, rasant des quartiers entiers, laissant derrière lui un paysage de désolation. Comment expliquer que, malgré les prévisions météorologiques alarmantes, la population ait été aussi peu préparée ? Comment justifier le fait que des milliers de personnes se retrouvent aujourd’hui totalement isolées, sans secours dignes de ce nom ?

L’État français en retard sur l’urgence

Le Gouvernement a promis une mobilisation rapide et efficace. Pourtant, la réalité sur le terrain est toute autre. Les secours arrivent au compte-gouttes, les renforts sont insuffisants, et l’organisation des aides est chaotique. La lenteur des interventions traduit un désintérêt manifeste pour ce territoire ultramarin. À La Réunion, une catastrophe de cette ampleur aurait déclenché une réponse immédiate et massive. À Mayotte, il faut se contenter d’attendre, de survivre, d’espérer.

Une crise révélatrice d’une inégalité criante

Ce drame met en lumière une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : en France, toutes les vies n’ont pas la même valeur. Mayotte, département français depuis 2011, est encore traitée comme une terre périphérique, lointaine, secondaire. Son sort ne semble émouvoir que lorsqu’une catastrophe éclate, et encore, trop tard, trop peu. Cette crise humanitaire doit être un électrochoc. Il est impératif de revoir en profondeur la politique d’accompagnement et de développement de l’île, d’investir massivement dans des infrastructures résilientes, et surtout, de considérer enfin Mayotte comme une partie intégrante de la Nation, et non comme un fardeau dont on se préoccupe uniquement en période de crise.

L’après-Chido : un test pour la République

Dans les semaines à venir, l’ampleur de la catastrophe va se préciser. Le bilan humain risque de s’alourdir, la détresse de s’intensifier. L’État français a une responsabilité historique : celle de ne pas laisser Mayotte sombrer dans l’oubli une fois les caméras parties. L’urgence est absolue, mais la reconstruction doit être pensée sur le long terme. Si la République veut encore mériter son nom, elle doit agir, vite et fort. Mayotte ne peut plus attendre.

M. Kaya, directeur de publication

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