Éditorial

Des quartiers en fête, des cœurs en liesse

À Acoua, les vacances estivales ne se contentent pas de réchauffer les plages, de piétiner la pelouse du Stade Bassin : il ravive aussi les liens entre voisins, amis, familles. Du 21 au 26 juillet, les quartiers de Marvatou 2, Lazaret et Antsirka-Boira deviendront le théâtre d’un festival à taille humaine mais au cœur immense : le Festival des Quartiers 2025.

Ici, pas besoin de projecteurs ni de grandes scènes. Ce sont les rires des enfants courant derrière des pneus pour rattraper un peu de cette insouciance qu’on croyait perdue. On joue. On danse. On veille ensemble dans des nuits animées d’histoires et de fous rires. Les mains calleuses qui sculptent des gari-kakazou comme on tisse une mémoire vivante, les salouvas qui dansent dans le vent, les regards échangés autour d’une partie de loup-garou… qui donnent le ton. 

Ce festival n’est pas un simple enchaînement d’animations, mais un acte de résistance douce. Une façon de dire que, malgré les épreuves, le tissu social existe encore, qu’il vibre, qu’il s’invente au coin des rues, dans les regards complices entre générations. Une semaine pour faire de la rue une cour de récréation, une salle de cinéma, une scène de théâtre, un marché vivant, un lieu de rencontres. Et de retrouvailles. Loin des sentiers battus. 

Dans un monde qui va trop vite, ce festival rappelle l’essentiel : prendre le temps d’être ensemble. De jouer. De bouger. De créer. Et de transmettre. Une pause joyeuse, presque poétique, offerte à ceux qui font battre le cœur des quartiers : leurs habitants.

Alors que les grandes villes s’enferment, ici on ouvre les portes, les bras, et les voix. À Acoua, localité du Nord-Ouest de Mayotte, les quartiers ne dorment pas : ils chantent, ils courent, ils vivent. Ce festival, ce n’est pas du folklore : c’est du vivant, du vrai. C’est une manière de remettre du sens là où il y avait parfois du vide. De remettre de la présence là où l’absence se creusait. Les jeux traditionnels, les ateliers, les marchés, les veillées, les danses… Tout cela est bien plus que du divertissement. C’est une reconquête du lien, de l’espace partagé, de l’écoute. Et de l’imaginaire.

Et puis, il y a cette beauté simple : celle d’un village qui se regarde à nouveau, qui se parle sans écran, qui s’invente des souvenirs communs. Car à Acoua, le festival ne se mesure pas en décibels, mais en chaleur humaine. Pendant une semaine, Acoua nous donne une leçon. Celle d’un village qui choisit de se rassembler plutôt que de s’éparpiller. Et ça, c’est précieux.

M. Kaya, directeur de publication

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