Comédien discret mais éclatant et talentueux, Joss incarne une double élégance : celle du vendredi mahorais et celle de l’artiste qui observe, crée et fait rire. Originaire d’Acoua, localité du Nord-Ouest de Mayotte, il porte sur scène comme dans la vie une forme rare de présence : silencieuse, sincère, profonde. Il s’appelle Joss. Son cœur bat au rythme des planches. Le théâtre, il ne l’a pas seulement choisi, il l’habite. Avec passion. Avec maestria. Là où d’autres s’agitent, lui joue avec précision. Le rire est son terrain. Il le cultive avec patience, il en fait jaillir des éclats qui touchent juste.
Issu du groupe théâtral AJA, aux côtés de comédiens reconnus comme Marley ou Pay, Joss a multiplié les scènes sans jamais déserter. Aujourd’hui, il poursuit l’aventure avec la Compagnie Théâtrale du Nord, autour du texte La rupture de chaire d’Alain Kamal Martial. Une pièce forte, qui sera jouée au festival Baobab à la fin mai, au lycée des Lumières à Kaweni, puis au festival Soma Zamani, à Acoua, en août.
Mais Joss, ce n’est pas seulement un acteur. C’est aussi un penseur, un observateur du quotidien. C’est de là qu’est née son idée originale : la “vendredisation”. Un concept culturel et esthétique qui part d’une constatation simple et belle : les hommes se parent pour la mosquée, les femmes ressortent leurs plus beaux salouva, parfois même sans en porter le reste de la semaine. Le vendredi, tout le monde est beau. Pas par obligation. Par choix. Par culture. Par coutume.
Joss le dit avec pudeur : “ce n’est pas un appel, ni une critique. Juste un partage”. Une photographie sensible de l’identité mahoraise. Il refuse de capturer les autres, par respect. Alors il s’affiche lui-même. Parce que montrer, c’est aussi raconter. Et Joss sait raconter.
Mais qui est-il vraiment, au-delà du rôle et du regard ? Joss, c’est ce gars qu’on ne remarque pas toujours au premier coup d’œil… mais qu’on n’oublie jamais. Posé. Calme. Silencieux. Il ne parle que lorsque c’est nécessaire. Il pense beaucoup. Il observe toujours. Quand il joue, il fait rire. Mais derrière la comédie, il y a un regard lucide, qui voit au-delà des apparences.
Supporter de l’OM, il vibre bleu et blanc. Fidèle à ses valeurs, à ses chemins. Chez lui, le silence est un langage, la discrétion une force. Il protège sans bruit, construit sans bruit, même quand le vent le trahit. À la maison, c’est le pilier. Celui qui ne donne pas de leçons mais montre le chemin. Dans son cœur, plus d’amour qu’un million de mots. Et dans son regard, plus de vérité que bien des discours.
Joss, c’est l’âme tranquille dans la tempête. Un homme rare. Une présence juste. Une élégance de tous les jours. Et le vendredi, comme les autres, il s’habille bien. Mais lui, c’est tous les jours qu’il est beau de l’intérieur.
M. Kaya, directeur de publication

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