La Fête de la Musique a résonné avec force ce 21 juin, aussi bien à Mayotte qu’en métropole, comme dans de nombreuses régions du monde. Fidèle à sa réputation de terre festive, riche de culture et de traditions, Mayotte a célébré cet événement avec ferveur. Pendant que le talentueux Demayo captivait le public breton, son compatriote Mabré, lui aussi originaire d’Acoua, mettait le feu aux scènes de M’tsahara puis de Mtsangamouji. Deux prestations consécutives pour ce chanteur désormais bien ancré dans le paysage musical mahorais. Au lendemain de la Fête de la musique, Mabré se confie sur sa passion pour la musique. Interview.
Grâce à ces deux artistes, le village d’Acoua s’est illustré en beauté, tant en métropole qu’à Mayotte, confirmant sa place comme l’un des viviers artistiques les plus dynamiques de l’île
Vous avez enflammé les scènes de M’tsahara et Mtsangamouji lors de la Fête de la Musique. Que représente pour vous cet événement culturel majeur, et quelle importance y accordez-vous en tant qu’artiste mahorais ?
La fête de la musique représente un moment de partage avec le public, une vitrine pour se faire connaître, une célébration de la liberté d’expression artistique et un moment de communication entre artistes. C’est aussi un hommage à la musique en tant qu’art universel.
Acoua, votre village natal, a été brillamment représenté à la fois ici à Mayotte et en métropole grâce à vous et à d’autres talents comme Demayo. En tant qu’artiste, quel rôle pensez-vous que la musique joue dans la transmission des traditions et de la culture de Mayotte ?
La musique est bien plus qu’un divertissement, c’est un véritable vecteur de mémoire culturelle, collective, d’identité et de cohésion sociale. Selon moi, la musique sert à la conservation de la mémoire orale : nos us et coutumes se transmettent oralement et la musique a toujours été un moyen pour perpétuer les récits de nos vies. Elle sert à la fois à rythmer les rites et les cérémonies et à renforcer l’identité culturelle. Nous sommes envahis par la mondialisation et mis sous pression par d’autres cultures extérieures, la musique nous permet, nous mahorais, de réaffirmer notre identité. La musique assure aussi la transmission intergénérationnelle. Elle permet enfin d’éveiller à la conscience sociale et religieuse.
Votre carrière a connu une belle évolution sur la scène musicale mahoraise. Quels sont vos projets à venir, et comment envisagez-vous l’avenir de la musique à Mayotte dans les années à venir ?
Nous sommes en train de travailler sur plusieurs musiques qu’on espère vous présenter prochainement. Pour nous, quand on pense musique, on pense à la fois à notre patrimoine culturel et à notre identité culturelle et collective. La musique est un outil de développement social et artistique. Pour se faire, on adopte une approche respectueuse des traditions mais aussi ouverte à l’évolution contemporaine.
Propos recueillis par M. Kaya
