Ils sont deux, discrets mais essentiels, garants du respect et de l’équité sur le terrain de handball. À l’occasion des Finalités ultramarines de handball, Habib, l’un de binôme d’arbitres mahorais expérimentés, originaires d’Acoua, qui portent haut les couleurs de leur île à Créteil répond à la rédaction du journal local acoua-info. Entre passion, rigueur et engagement, il nous livre un témoignage rare sur cette discipline qui l’ambitieuse. Retour sur un parcours construit dans l’ombre des projecteurs, mais au cœur du jeu. Interview.
Vous arbitrez aujourd’hui au plus haut niveau ultramarin. Quand avez-vous compris que l’arbitrage pouvait devenir plus qu’une passion ?
Dès l’instant où j’ai commencé à jouer au handball fin des années 80, j’étais aussitôt intéressé par l’arbitrage. Ce qui fait, en 1993, j’ai passé et réussi mon examen d’arbitre de handball. Cette réussite d’examen m’a poussé et incité à aimer encore plus le handball. Ce que j’aime dans l’arbitrage, c’est cette façon de faire respecter les règles de jeu…en gros, c’est la discipline sur le terrain, c’est ce pouvoir de faire comprendre aux différents acteurs, ce qui est permis et ce qui ne l’est pas.
Qu’est-ce qui vous motive à continuer, malgré les critiques ou la pression constante sur le terrain ?
Ce qui nous motive le plus aujourd’hui, c’est la connaissance des règles de jeu. Croyez-moi, plus vous apprenez le code d’arbitrage, plus vous allez acquérir des connaissances incroyables qui vous donnent confiance en vous et vous poussent à vouloir toujours aller de l’avant. Une fois que vous connaissez les règles de jeu, rien ne peut vous arrêter sur le terrain. A ce stade, et aujourd’hui, aucun match de handball ne nous fait peur. Mais, attention, il ne faut pas croire ni dire que nous, on connaît où on sait tout faire. Non, loin de là, nous, nous avons progressé et grandi au niveau d’arbitrage de handball. Sur ce point, vous savez, les critiques et la pression, on les connaît. Ça ne date pas d’aujourd’hui, et ça ne s’arrêtera pas demain. Tant qu’on a deux équipes qui ont pour seul objectif, c’est de gagner le match. Quelles que soient les décisions que vous allez prendre, il y aura toujours de la critique. Il faut juste que l’arbitre sache ce qu’il fait sur le terrain et qu’il soit en mesure de justifier ses décisions.
Comment vous préparez-vous pour une compétition aussi dense et exigeante que les Finalités ?
La préparation dans ce genre de compétition est beaucoup plus mentale. Nous ne sommes pas à notre premier rendez-vous de haut niveau. Notre binôme arbitre ensemble depuis plus de 15 ans. Nous sommes à notre deuxième participation à la finalité ultramarine. La première, c’était en 2016. Ensuite, nous avons fait la CCOI à plusieurs reprises. Nous avons fait les derniers Jeux des Îles, sans oublier bien évidemment les rendez-vous des grands matchs que nous connaissons à Mayotte. Enfin, il faut de la rigueur, de l’implication personnelle, du sérieux et de la maîtrise de soi, pour recevoir ce genre de compétition, où tout le monde vous regarde, et sous l’œil des Formateurs, et encore sous les yeux de la FFHB.
Vous représentez Mayotte, mais aussi Acoua. Que ressentez-vous quand on prononce vos noms à Créteil, loin de chez vous ?
Ça fait chaud au cœur et ça fait très plaisir d’entendre nos noms prononcés dans le gymnase. Et là, on a qu’une seule envie, c’est réussir la fête, notamment rendre Mayotte et Acoua, fiers de leurs enfants.
Quel message aimeriez-vous transmettre aux jeunes de Mayotte qui hésitent à s’engager dans l’arbitrage ?
Il y a l’adage populaire qui dit « il ne faut jamais adhérer dans une association sans en connaître les règles ». En gros, tu ne peux pas jouer ou dire aimer le handball, sans connaître les règles. Il y a beaucoup de très bons joueurs qui jouent mais ne connaissent pas forcément les règles. Et ils sont parfois surpris quand on siffle des fautes contre eux et leurs équipes. Donc, la base, c’est d’apprendre les règles de jeu. Et ce qui est passionnant, c’est ce que c’est vous qui apprenez aux différents acteurs, les règles de jeu de handball.
Propos recueillis par M. Kaya
