Il y a des journées qui réconcilient un village avec son histoire. Ce samedi 1ᵉʳ novembre à M’tsangadoua, la mémoire collective a retrouvé ses maîtres — au sens noble du terme. Ceux qui, pendant des décennies, ont planté dans les esprits des graines de savoir, de rigueur et de respect.
Sous le chapiteau aux couleurs du village, on n’a pas vu de ministres ni de médailles officielles. Seulement des regards humides, des sourires timides, et des mains qui se serrent avec la pudeur des retrouvailles. Les anciens élèves sont venus dire “merci” à ceux qui leur ont appris à lire, à compter, à se tenir debout. Et dans leurs mots simples, il y avait toute la noblesse du mot reconnaissance.
Cette initiative, née à M’tsangadoua et portée par le comité Mdoua Events, devrait inspirer bien au-delà des frontières du village. Car aucun salaire, aucune carrière, aucun trophée ne vaut le regard d’un ancien élève venu dire à son instituteur : “Vous avez compté.”
Dans un monde où tout va trop vite, où les écrans ont parfois remplacé les cahiers et où l’autorité se négocie au lieu de se transmettre, cet hommage sonne comme un rappel essentiel : l’école reste le premier chantier de la dignité humaine.
Les enseignants honorés ce jour — Moussa Ahamada, Madi Abdou Chebani, Abourahmane Soilihi, Moussa Mahamoud, Ibrahim Dahalani et Zoubert Rachidi — ont fait plus que dispenser des leçons. Ils ont formé des consciences, sculpté des destins, et tissé un lien entre générations.
M’tsangadoua n’a pas simplement rendu hommage à ses professeurs. Le village a célébré ce que l’on ne peut ni acheter, ni décréter : le souvenir d’avoir été guidé, corrigé, encouragé. Et à travers eux, c’est toute une île qui se souvient que, sans les maîtres, aucun avenir ne s’écrit.
La reconnaissance, disait un sage, ne s’enseigne pas : elle se transmet. M’tsangadoua, ce samedi-là, en a donné la plus belle leçon.
M. Kaya, directeur de publication
