Éditorial

La solidarité qui ne connaît pas l’exil

À l’heure où les distances paraissent se mesurer en kilomètres et en fuseaux horaires, Atsika Antsika Fampitahîtahî nous rappelle qu’il existe une autre géographie : celle du cœur. Née à des milliers de kilomètres d’Acoua, dans la fraîcheur charentaise de Champniers, cette association porte dans son nom tout un manifeste : “ensemble pour s’entraider”. Une phrase simple, mais terriblement puissante à l’échelle d’une île qui panse encore les plaies du cyclone Chido.

Ces jeunes d’Acoua partis en métropole auraient pu tourner la page, vivre leur vie loin des tempêtes du pays natal. Au contraire, ils ont choisi de bâtir des ponts plutôt que des murs. D’envoyer de l’eau là où la sécheresse du désespoir menaçait. De tendre des bras là où la mer semblait séparer.

Derrière leurs prénoms – Issouffa, Boura, Abdou-Razack, Ahmed, Saïd, Toumbo, Omar – il y a un même souffle : celui d’une génération qui refuse l’oubli. Ils ne dirigent pas une ONG, elles n’ont pas de bureaux climatisés ni de grandes banderoles humanitaires. Elles ont mieux : un attachement viscéral à Acoua, une mémoire du partage et cette conviction qu’on peut agir, même à distance.

Marley Le Massaï, animateur et reporter de terrain à acoua-info, a été sollicité pour coordonner l’opération avec les bénévoles sur place. Fidèle à son engagement, il n’a pas hésité une seconde à retrousser ses manches, offrant son temps, son énergie et son cœur à cette action de solidarité. Un moment à l’image de Mayotte : une île qui, dans l’épreuve, trouve toujours la force de se relever ensemble.

Atsika Antsika Fampitahîtahî n’est pas qu’une association ; c’est un rappel à l’essentiel. Que la solidarité n’a pas de frontière, que l’exil n’efface pas l’origine, et qu’entre deux rives, le cœur reste le plus sûr des ponts.

L’avenir de Mayotte se construira sans doute par des projets, des infrastructures et des plans d’aménagement. Mais il se nourrit d’abord de cette énergie invisible : celle de femmes et d’hommes qui, malgré la distance, continuent d’aimer, d’aider, et de croire en leur village.

M. Kaya, directeur de publication

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