Il suffit parfois d’un livre ouvert pour que tout change. Une page tournée, et soudain, le monde semble un peu plus vaste, un peu plus lumineux. C’est ce qu’on ressent en arpentant les allées du Salon du Livre de Mayotte : une énergie simple, belle, contagieuse.
Les enfants, souvent timides, s’approchent, feuillettent un album, puis lèvent la tête avec ce regard neuf qu’on n’oublie jamais. Les écrivains, eux, sourient. Ils savent que ce moment-là, fragile et discret, vaut plus que mille discours : c’est la naissance d’un lecteur.
À Mayotte, le livre voyage en charrette, en voiture, parfois sur une moto rafistolée — peu importe le moyen, pourvu qu’il atteigne ceux qui en ont besoin. Il traverse les villages comme une promesse : celle que le savoir ne restera pas confiné dans les murs des villes.
Ce salon, c’est un souffle dans un quotidien souvent rugueux. Un rappel que la culture, même à petite échelle, est une force tranquille. Lire, c’est se tenir debout, c’est comprendre avant de juger, rêver avant de fuir.
Alors, oui, que la Caravane du Livre continue de rouler, poussière et soleil dans les yeux. Qu’elle sème ses mots dans chaque école, chaque banga, chaque cœur prêt à s’ouvrir.
Parce qu’à Mayotte, plus qu’ailleurs peut-être, les livres sont des ponts — entre les générations, entre les langues, entre ce que nous sommes et ce que nous pourrions devenir.
M. Kaya, directeur de publication
