Billet

Le gymnase d’Acoua rallume le débat sur WhatsApp

À Acoua, le gymnase tant attendu a fini par sortir du terrain des promesses… pour s’inviter dans celui des polémiques. Depuis quelques jours, la toile s’enflamme. Les groupes WhatsApp du village tournent à plein régime : ça débat, ça s’invective, ça s’écharpe. On y lit tout — du bon sens citoyen à la mauvaise foi assumée, en passant par la nostalgie d’un “avant” idéalisé.

Les uns s’indignent qu’on “sacrifie l’éducation sur l’autel du béton”, les autres réclament un espace digne pour les sportifs du village. “C’est scandaleux, une telle régression de l’éducation !”, tonne un internaute. “Mais il y a eu des réunions, les parents étaient d’accord !”, rétorque un autre. Dans ce brouhaha numérique, tout le monde semble architecte, urbaniste ou expert en plan d’aménagement. Certains proposent, d’autres critiquent — souvent sans lire les propositions des premiers.

Les arguments fusent : “Une école d’excellence mérite des bâtiments d’excellence.” “Qu’ils rénovent les salles d’Acoua 3 avant de démolir celles d’Acoua 2.” “Démolir avant d’avoir prévu une solution, ce n’est pas du progrès, juste un mauvais timing.”

Et ce trait d’ironie désabusé : “Fermez les écoles, faites un barbecue, tout ira mieux.” Derrière l’humour et les piques, il y a surtout une lassitude. Celle d’un village qui réclame depuis des années à la fois un gymnase pour ses jeunes et des écoles dignes pour ses enfants. À quelques mois des municipales de mars 2026, le sujet devient explosif. Les têtes de liste, prudentes, se tiennent à distance. Le moindre mot mal placé pourrait leur coûter des voix.

Certains ont bien tenté une sortie publique, avançant des solutions… avant d’être rattrapés par la réalité. Entre les sportifs, les enseignants et les parents d’élèves, le fil est mince. Arbitrer, c’est prendre un risque. Et à cinq mois du scrutin, le courage politique se fait rare.

La patate est chaude, brûlante même. Elle passera sans doute entre les mains de la prochaine majorité municipale, qui héritera d’un dossier aussi complexe que emblématique des lenteurs administratives mahoraises.

Mais au-delà des querelles, une chose réjouit : le débat existe. Il est vif, bruyant, parfois excessif, mais profondément citoyen. Acoua parle, discute, conteste. La démocratie, ici, n’est pas un concept lointain. Elle est dans les mots, les groupes WhatsApp, les colères et les espoirs. Et c’est peut-être là, au milieu du vacarme, que se construit la vraie vitalité d’un village. 

M. Kaya, directeur de publication

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