À Acoua, le projet de construction d’un gymnase, réclamé depuis des années par les sportifs du village, suscite aujourd’hui une vive polémique. Ce complexe, censé accueillir handball, basket, volley et autres disciplines, devait marquer la fin d’une longue attente. Depuis la destruction de l’ancien plateau sportif, les clubs comme le HCA s’entraînent tant bien que mal sur les terrains des communes voisines.
En 2025, le rêve semble enfin prendre forme : les travaux ont commencé. Mais la joie laisse place à la crispation. Pour agrandir le chantier, une partie des terrains attenants à l’école Acoua 2 doit être utilisée. Un bâtiment scolaire serait même appelé à disparaître. Face à cela, les parents d’élèves ont exprimé leur colère : blocage de la mairie, fermeture de l’école, interruption des cours. Une tension palpable, compréhensible — car les nuisances et les risques pour la sécurité des enfants sont bien réels.
Pourtant, la question mérite d’être posée : faut-il pour autant retarder, voire compromettre, un équipement attendu depuis plus d’une décennie ? D’autant que la situation du site ajoute à la complexité du débat. Le terrain concerné est connu pour sa vulnérabilité : zone marécageuse, régulièrement inondée lors des fortes pluies. Ces épisodes perturbent déjà le déroulement des cours et interrogent sur la pertinence du maintien d’une école à cet emplacement.
Certains plaident pour un déplacement de l’établissement vers une zone plus sûre, quitte à repenser l’aménagement global du quartier. D’autres rappellent l’urgence de doter Acoua d’infrastructures sportives dignes de ce nom, capables d’abriter compétitions et activités culturelles à proximité du Stade Bassin.
Le dilemme est révélateur des difficultés foncières qui frappent la plupart des communes de Mayotte. Entre manque d’espace, risques naturels et besoins croissants, chaque projet devient un exercice d’équilibriste.
À présent, la balle est dans le camp des élus. Ils devront trancher avec discernement, loin des calculs politiques à l’approche des municipales de mars. Le bon sens, la concertation et l’intérêt général doivent primer. Car Acoua mérite à la fois une école sûre et un gymnase fonctionnel — deux piliers essentiels pour éduquer, rassembler et faire rayonner la jeunesse.
La question, au fond, n’est pas seulement celle d’un chantier. C’est celle d’un choix de société : bâtir avec prudence, mais aussi avec courage et vision.
M. Kaya
