Ce dimanche, alors que le soleil montait à peine sur le village d’Acoua, une lumière bien plus symbolique brillait déjà : celle du Moulidi Chitéti, cérémonie majestueuse et vibrante, à la croisée du sacré et de l’héritage culturel. Dans une île marquée par les cicatrices du cyclone Chido et une actualité parfois pesante, ce moment a offert un souffle. Un souffle de paix, de ferveur, de fraternité, de convivialité et de partage.
Il y avait foule à la place Chilindrou, transformée pour l’occasion en écrin de spiritualité. Douze villages rassemblés, des voix qui s’élèvent à l’unisson, des tambours qui résonnent comme le battement d’un même cœur. Et parmi eux, l’infatigable Sauzée Saandani, artisan de mémoire et bâtisseur de ponts entre les générations. Une organisation au cordeau, fruit de semaines de travail, de coordination et de passion.
Le Moulidi, dans toute sa splendeur, ne se contente pas de réciter le passé. Il l’interprète, le réinvente, et le projette dans l’avenir. En témoigne cette jeunesse, fièrement drapée de boubous beiges, qui danse, chante, apprend, et surtout porte le flambeau. Mention spéciale aux élèves de Foundi Soumaila, qui ont su séduire avec un « Faouzana » revisité, signe d’une tradition bien vivante.
Et puis, il y a ce Charouba mythique, élixir des vaillants, que l’on ne boit qu’en ces occasions. Gingembre, poivre, sel et sucre dansent eux aussi dans les calebasses. Le corps se réchauffe, les âmes se rejoignent.
À Acoua, on ne célèbre pas seulement un rite. On célèbre l’unité, la transmission, la dignité. Le Moulidi Chitéti n’est pas un événement, c’est un message : Mayotte peut guérir, se relever et rayonner, par sa foi, sa culture, et surtout, par sa jeunesse. Chapeau bas à toutes celles et ceux qui œuvrent dans l’ombre. Grâce à vous, le cyclone Chido n’aura pas éteint la lumière d’Acoua. Elle brille plus que jamais.
M. Kaya, directeur de publication

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