Le mouringué se définit comme un sport de combat traditionnel, un duel à mains nues, pratiqué à Mayotte ainsi que dans d’autres îles de l’Océan indien. A Mayotte, le mouringué est ancré profondément dans la culture mahoraise et souvent perçu comme un rassemblement festif, folklorique et convivial. Il a traversé des générations sans un ride jusque là. Toujours populaire et festif. Cette tradition culturelle est devenue un rendez-vous de fête au rythme et au son de tambour battant et de chant populaire. Résonnant et vibrant. Les combattants de mouringué doivent faire preuve de respect envers leurs adversaires et les règles du duel.Les participants sont essentiellement encadrés par des adultes qui jouent le rôle d’arbitres. Trois rounds sont nécessaires sauf en cas de KO de l’un des combattants.
Autrefois, le mouringué était pratiqué exclusivement par les hommes. Il s’organise entre différents villages de l’île se constituant en groupe de joueurs mouringuéens. Comme dans une compétition sportive. Il y a un match aller et retour. Chaque camp est constitué de un ou deux joueurs fétiches. Une sorte de totem, excellent, rusé, combatif et surtout redouté par les adversaires, qui manie avec brio l’art de mouringué. Une pratique dans un esprit de fair-play et de respect de l’autre. C’est ça l’esprit mouringué, à l’époque. Cette pratique traditionnelle et légendaire a été ainsi véhiculée de génération en génération.
Toutefois, le mouringué est aussi organisé dans les villages, surtout durant la période de ramadan, après la rupture du jeûne. Dans ce cas-là, ce sont les différents quartiers constituant le village qui s’organisent et se défient, toujours avec le même état d’esprit. Aujourd’hui, force est de constater que le mouringué a perdu son lustre. Il s’étiole et devient un discorde. L’événement populaire, festif et folklorique autrefois adulé, couronné est aujourd’hui devenu un rendez-vous régulièrement décrié et dénoncé. Et pour cause, des débordements et des faits de délinquance émaillent le mouringué. Le phénomène délinquance souvent juvénile qui fait rage dans l’île, a réussi à lui faire perdre son aura.
Des défis qui menacent son intégrité et sa réputation. En effet, le mouringué a récemment été terni par des débordements et des actes de délinquance, notamment pendant le Ramadan. Ce qui était autrefois un événement festif est devenu un prétexte pour des règlements de comptes entre bandes rivales. Des groupes de délinquants s’y infiltrent et s’affrontent, loin de l’esprit longtemps adopté du concept de mouringué. Dans d’autres villages de l’île, des filles pratiquent elles aussi le mouringué, qui était jusqu’à lors réservé aux hommes.
En réponse aux débordements, des arrêtés d’interdiction ont été mis en place, ce qui a découragé de nombreux habitants de participer, craignant pour leur sécurité. Le mouringué a perdu une partie de son esprit originel de fair-play et de respect, ce qui est regrettable pour ceux qui chérissent cette tradition. Pour préserver le mouringué, il serait crucial de trouver un équilibre entre la tradition et la sécurité, peut-être en encadrant mieux les événements et en sensibilisant les participants à l’importance de respecter les règles et l’esprit originel de cette pratique culturelle.
M. Kaya, directeur de publication
