Éditorial

L’ombre inquiétante de la souffrance psychique à Mayotte

Aujourd’hui, un drame a été évité de justesse à la mairie d’Acoua, mais derrière cet incident, une question cruciale se profile : la violence, tant physique que psychologique, devient-elle la norme à Mayotte ? Ce qui était autrefois un phénomène isolé semble désormais se répandre insidieusement, s’immisçant jusque dans les institutions publiques. Un véritable signal d’alarme, un cri d’alerte qu’il est urgent de prendre en compte.

En effet, ce qui aurait pu n’être qu’un simple fait divers a révélé un problème de société bien plus vaste et alarmant. Ce n’était pas un acte de délinquance ordinaire, mais une crise d’une personne en détresse mentale, un cas de souffrance psychologique de plus en plus courant sur l’île. Une souffrance que l’on voit se propager sans véritable prise en charge. Ces personnes atteintes de troubles mentaux, souvent fragiles et abandonnées à elles-mêmes, se retrouvent confrontées à un système de santé qui manque cruellement de moyens. L’absence de structures adaptées, tant au niveau des soins que de l’accompagnement, fait que ces malades sont livrés à leur propre sort, dans un environnement qui ne sait pas les protéger ni les soutenir.

Cette situation ne fait qu’empirer avec les crises successives qu’a traversées l’île : le Covid, le confinement, et bien sûr, le passage dévastateur du cyclone Chido. Autant de traumatismes qui ont fragilisé davantage une population déjà vulnérable. Mais ce sont principalement les malades mentaux qui souffrent dans le silence. Comment imaginer qu’un individu en souffrance psychique, déjà déstabilisé par les événements, puisse faire face à un environnement aussi chaotique, où les soutiens sont trop souvent absents ou inaccessibles ?

C’est dans ce contexte qu’un fait divers qui aurait pu sembler anodin prend une ampleur inquiétante. La panique générée par l’altercation à la mairie d’Acoua n’est que le reflet d’un mal plus profond. Ce n’est pas simplement un problème de violence ; c’est un problème de société, une défaillance collective dans la gestion de la souffrance mentale.

Le cas de cette personne dérangée mentalement est un exemple parmi tant d’autres. Il met en lumière la nécessité d’une prise en charge sérieuse et immédiate des malades mentaux à Mayotte. Les autorités doivent comprendre qu’il ne s’agit pas d’une question isolée, mais bien d’une urgence sanitaire et sociale. Les familles, souvent désemparées et épuisées par des années d’angoisse, attendent des solutions adaptées pour protéger leurs proches, mais aussi pour protéger la société tout entière.

Ce cri d’alerte lancé depuis Acoua doit être entendu. Il est grand temps d’agir pour offrir à ces malades un avenir où ils ne seront plus condamnés à vivre dans l’ombre, exposés à la violence et au danger, sans soutien, sans structures adaptées. La sécurité de tous dépend aussi de celle des plus vulnérables. Ignorer ce problème serait une erreur tragique, tant pour les individus concernés que pour la société toute entière.

M. Kaya, directeur de publication

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