Billet

L’or bleu aux abonnés absents

À Mayotte, l’eau est partout. Sauf là où on en a nécessairement besoin. Là où, c’est vital. Entourée d’un lagon somptueux – un des plus vastes et majestueux du monde – l’île offre un spectacle marin digne des plus belles cartes postales. Turquoise, translucide, idyllique… mais, hélas, imbuvable.

Ironie du sort : on nage dans l’eau salée, mais on sèche à l’eau douce. Le robinet, cet objet jadis fonctionnel, est devenu ici un pur élément de décoration. Il grince parfois, éternue de temps en temps, mais ne coule que sur rendez-vous. Et encore, s’il est de bonne humeur.

Les habitants, eux, s’adaptent. Bidons, citernes, prières aux nuages – on développe des stratégies hydriques dignes d’une expédition spatiale. On se lave avec parcimonie, on boit avec gratitude, et on apprend que l’eau a désormais plus de valeur que l’or… surtout quand elle arrive à l’heure.

Pendant ce temps, les autorités nagent en eaux troubles, entre comités, promesses et plans d’urgence. L’eau ? Oui, elle viendra. Demain, peut-être. Après les élections, sûrement. À Mayotte, on a la mer à perte de vue, mais la douche reste un luxe.

M. Kaya, directeur de publication

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