La dynamique politique de Mayotte prend une tournure particulière avec la popularité croissante de Marine Le Pen et du Rassemblement National (RN). Lors de l’élection présidentielle de 2022, la candidate du RN a réalisé un score historique de 59,1 % au second tour, écrasant Emmanuel Macron (40,9 %). Cette percée s’inscrit dans une tendance amorcée en 2017, où Marine Le Pen avait déjà récolté 42,89 % des suffrages face à Macron.
Cette progression traduit un malaise profond sur l’île. Mayotte fait face à une pression migratoire intense en raison de sa proximité avec les Comores, couplée à une insécurité galopante. Ces facteurs ont alimenté un sentiment d’abandon au sein de la population mahoraise, qui voit dans le RN une force politique prête à apporter des solutions fermes.
Cependant, l’affaire des assistants parlementaires européens, qui a conduit à la condamnation exécutoire de Marine Le Pen, pourrait rebattre les cartes. Si son inéligibilité venait à être confirmée, cela placerait le RN devant un dilemme de leadership. Jordan Bardella, actuel président du parti, pourrait se voir propulsé au premier plan, incarnant une continuité politique tout en tentant de rassurer un électorat en quête de stabilité et de fermeté.
Cette affaire judiciaire ne concerne pas uniquement Marine Le Pen : elle rappelle que la justice peut remodeler le paysage politique et redéfinir les stratégies électorales. Dans des territoires comme Mayotte, où la colère et la frustration nourrissent un vote contestataire, le RN devra prouver qu’il peut continuer à incarner l’espoir de ses partisans, avec ou sans sa figure de proue.
Les mois à venir seront décisifs. Si l’épreuve judiciaire fragilise la position de Marine Le Pen, elle pourrait également renforcer la dynamique du RN en tant que mouvement structurant de la droite nationaliste en France. L’électorat mahorais, quant à lui, scrutera avec attention l’évolution de la situation, car son avenir politique est plus que jamais en jeu.
M. Kaya, directeur de publication
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