Ce dimanche 6 avril, au carrefour Ngwezi dans la commune de Chirongui, un rassemblement de militants du Rassemblement National (RN) a marqué un nouvel épisode dans la saga politique autour de Marine Le Pen. Condamnée à l’inéligibilité avec exécution provisoire – qui a provoqué un impact politique stratosphérique en métropole -, la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale reste, malgré cette décision de justice, au cœur d’un soutien populaire et militant bien ancré, y compris dans les territoires d’Outre-mer.
La présence remarquée des députés européens Rody Tolassy et André Rougé, ainsi que de la députée de Mayotte, Anchya Bamana, donne à cet événement une portée qui dépasse largement les frontières de l’île. Ce n’est pas seulement un geste de solidarité : c’est un message politique fort. En dépit de la décision judiciaire, le RN choisit de maintenir le cap et de renforcer ses positions, en particulier dans les régions périphériques souvent délaissées par les grandes formations politiques traditionnelles.
Mais que révèle vraiment cette mobilisation ? Une fracture croissante entre une partie de la population et les institutions judiciaires ? Une méfiance vis-à-vis d’un système perçu comme biaisé ? Ou simplement la fidélité d’un électorat convaincu, prêt à passer outre les condamnations judiciaires pour défendre ce qu’il considère comme une voix pour les oubliés de la République ?
Il ne s’agit pas ici de juger la validité de la décision de justice. Elle doit être respectée, comme toute décision issue de l’État de droit. Mais il est essentiel de s’interroger sur les raisons profondes qui poussent des citoyens à se lever, si tôt un dimanche matin, pour soutenir une figure politique sous le coup d’une sanction judiciaire.
Ce rassemblement en dit long sur l’état de la démocratie française, sur la polarisation croissante du débat public, et sur la manière dont le Rassemblement national continue, élection après élection, à consolider son ancrage dans les marges géographiques et sociales du pays.
Reste à savoir si ce soutien suffira à contrer les effets de la justice. Et surtout, à quel prix pour notre cohésion nationale..
M. Kaya, directeur de publication
