Vêtu de shuka, ce tissu rouge éclatant porté fièrement par les Massaïs, Marley, humoriste né sous le soleil de Mayotte, déambule, sourire en coin, quelque part entre le rire et le respect. Connu pour son humour ravageur, son sourire légendaire et son sens inné de la comédie, Marley, d’ordinaire inépuisable en blagues, semble tout à coup… un brin intimidé. Lui, le roi de la vanne, ne mène pas large. Mais ne vous y trompez pas : c’est encore une de ses entrées théâtrales. Parce que oui, Marley ne fait rien comme tout le monde.
Tout a commencé lors d’un séjour en Tanzanie, juste avant que le monde entier ne se fige à cause de la pandémie de Covid-19. Frontières fermées, avions cloués au sol, et voilà notre Marley coincé. Pas de scène, pas de public, pas de scènes à animer à Mayotte. Mais parfois, les détours de la vie nous mènent droit à l’essentiel. Ce fut une rencontre inattendue avec le peuple Massaï.
Dans un village de Massaï, Marley découvre un monde à mille lieues d’Acoua, localité du Nord-Ouest de Mayotte. Ici, chaque étape de la vie est marquée par un rite de passage. Les jeunes garçons, après la circoncision rituelle, deviennent des Morans, des guerriers, vivant en communauté, apprenant la patience, la force, le respect des anciens. Le lien à la nature, aux ancêtres, à la terre, y est sacré.
Et puis, il y a ce fameux shuka, ce tissu porté comme un symbole d’identité. Une coïncidence ? Pas pour Marley. Car dans la culture mahoraise ancienne, avant le salouva d’aujourd’hui, on se contentait d’un simple bout de tissu noué au corps. Une similarité qui fait tilt dans son esprit.
Fasciné, Marley ne se contente pas de porter la tenue. Il l’adopte. Il l’incarne. Il en fait un personnage. Son séjour en Tanzanie se transforme en laboratoire artistique : il crée des sketchs, improvise des scènes comiques où se croisent les Massaïs, les Mahorais, et les petites absurdités du quotidien. Le tout, diffusé sur les réseaux sociaux.
Et là, c’est le succès. Les vues explosent, les commentaires fusent. Le public adore ce mélange d’authenticité, de respect et d’humour. Marley devient la voix rieuse de deux cultures, un pont comique entre l’Afrique de l’Est et l’Océan Indien.
Ce que Marley a compris et qu’il nous transmet, c’est que les Massaïs et les Mahorais ne sont pas si éloignés. Certes, les paysages, les langues et les religions diffèrent. Mais au fond, ils partagent : un attachement aux traditions ancestrales, une vie communautaire forte, une transmission orale vivante, et un rapport profond au sacré, qu’il soit spirituel ou culturel.
Aujourd’hui, Marley est devenu une figure incontournable du rire mahorais. Mais derrière ses sketchs se cache une histoire d’identité, de découverte et de rencontre. Ce que le Covid avait tenté d’éteindre, la culture Massaï l’a ravivé en lui : un feu sacré, une envie de créer, de raconter, de transmettre. Et surtout, de nous faire rire — encore et toujours.
M. Kaya, directeur de publication

Pingback: Joss, l’élégance du vendredi - acoua-info
Pingback: Soma Zamani. Un souffle d’espoir et de culture pour Mayotte - acoua-info