Encore un vendredi de trop. Encore un établissement attaqué. Encore des élèves blessés. Et toujours la même rengaine : des jeunes cagoulés, armés, qui sèment la terreur dans les cours d’école. Cette fois, c’était au collège de M’tsangamouji, au Cité du Nord de M’tsangadoua et au lycée de Tsararano. Mais demain, ce sera où ?
À M’tsangamouji, ils étaient une dizaine à vouloir forcer l’entrée. Armés de machettes, de pavés, ils ont balancé leur colère sur les grilles, sur les vitres, sur les élèves. Deux blessés. Des professeurs barricadés avec leurs classes. Une scène de guerre. Devant un collège.
À M’tsangadoua, même scénario : une classe en plein cours de sport, attaquée. Des lycéens qui fuient à travers un terrain de foot. Des blessés à l’arme blanche. Et toujours ce même silence assourdissant, cette impuissance générale.
Et puis, comme si cela ne suffisait pas, une grenade de désencerclement explose dans les toilettes du lycée de Tsararano. Oui, une grenade. Dans un établissement scolaire. Deux élèves envoyés d’urgence à l’hôpital. Et une question qui brûle les lèvres : comment un tel engin de maintien de l’ordre a-t-il pu arriver jusque-là ? Qui l’a apporté ? Pourquoi ? Et surtout : que fait-on maintenant ?
Mayotte est en train de perdre le contrôle de son école. L’institution est prise en étau entre des conflits inter-villages d’un autre temps, des bandes organisées, une jeunesse en rupture et un encadrement débordé, parfois abandonné. On enferme les élèves dans leurs classes comme on protège des cibles. On sécurise les abords, mais les violences passent quand même. Et dans tout ça, que reste-t-il du droit à l’éducation ?
Personne ne semble avoir la solution. Pas les enseignants, en état d’alerte permanent. Pas les parents, souvent désarmés. Pas les autorités, qui regardent le feu se propager en multipliant les “dispositifs” sans lendemain. Pendant ce temps, les élèves prennent peur. Et parfois goût à la violence.
À deux semaines des vacances, un constat s’impose : on ne parle plus seulement de troubles scolaires. On parle de sécurité publique, de responsabilité politique, de dignité humaine. L’école ne peut plus être un champ de guerre. Et si la société reste les bras croisés, c’est tout un avenir qu’on sacrifie. Mayotte mérite mieux. Ses enfants aussi.
M. Kaya, directeur de publication
