C’est un territoire français où l’État semble toujours arriver avec un temps de retard. À Mayotte, Emmanuel Macron foule de nouveau le sol d’un département meurtri, quatre mois après le passage du cyclone Chido qui a fauché des vies, dévasté des habitations, et rappelé avec brutalité la vulnérabilité criante de cet archipel oublié.
Le chef de l’État revient avec une promesse : faire de la reconstruction un levier de transformation. Mais au-delà des mots et des effets d’annonce, l’attente est immense. Les Mahorais, fatigués des promesses creuses, veulent voir les grues, les pelleteuses, les routes refaites, les écoles reconstruites, l’espoir revenir. Ils veulent surtout que l’État se comporte avec eux comme il le ferait en Bretagne, en Alsace ou en Provence. Avec la même réactivité. La même considération.
Mayotte ne peut plus être l’angle mort de la République. Ce département français ne doit plus être défini uniquement par ses défis : pauvreté, immigration clandestine, insécurité, habitats précaires. Ce sont des réalités, oui. Mais ce sont surtout les symptômes d’un abandon organisé, d’une présence de l’État trop intermittente, trop distante, trop technocratique.
Le projet de loi que porte aujourd’hui Emmanuel Macron promet une « refondation ». Il était temps. Mais refonder ne suffit pas : il faut réparer, investir, structurer. Il faut redonner à Mayotte les moyens d’un développement digne, équitable, durable. Il faut que la République y tienne ses engagements, sans relâche, sans oubli, sans distinction entre citoyens de métropole et citoyens de l’Océan Indien.
Car ce qui se joue à Mayotte, c’est aussi l’idée que nous nous faisons de l’unité nationale. Une Nation, ce n’est pas seulement un territoire partagé. C’est une promesse tenue pour tous. Une égalité concrète. Une solidarité réelle. Un avenir commun. À Mayotte, la République a encore tout à prouver. Le temps n’est plus aux constats. Il est à l’action. Et surtout, à la constance.
M. Kaya, directeur de publication
