La visite du président de la Fédération française de football, Philippe Diallo, à Mayotte revêt un caractère exceptionnel. Rarement, ce territoire d’Outre-mer a eu l’honneur d’accueillir une telle personnalité du monde sportif national. Et pourtant, ici, le football est bien plus qu’un simple sport : c’est une véritable religion.
Sur l’île aux parfums, chaque rencontre de football provoque une effervescence populaire saisissante. La passion est partagée par toutes les générations, hommes et femmes confondus, unis autour d’un ballon rond devenu symbole d’identité, d’émotion et de rassemblement. Les clubs, toutes catégories confondues, se multiplient et témoignent d’un engouement croissant pour ce sport universel.
Cependant, cette ferveur se heurte à une réalité bien plus amère : l’état déplorable des infrastructures sportives. De nombreux stades sont vétustes, inadaptés et loin de répondre aux normes minimales requises. Certains terrains sont impraticables dès les premières gouttes de pluie, à l’image du Stade Bassin d’Acoua, incapable de se remettre des inondations causées par les intempéries. Le manque criant d’entretien et d’investissements dans ces équipements trahit un désintérêt institutionnel flagrant.
À cette fragilité matérielle s’ajoute une organisation locale en souffrance. La ligue de football de Mayotte peine à répondre aux attentes, souvent critiquée pour son manque de rigueur et d’efficacité face aux enjeux colossaux d’un sport en pleine expansion sur l’île.
#Alors que le football représente un puissant vecteur de cohésion sociale et une échappatoire précieuse pour une jeunesse en quête d’avenir, n’est-il pas temps d’interpeller les décideurs ? La visite du président de la Fédération française de football, bien qu’inscrite dans le cadre des rencontres de la Supercoupe de Mayotte sur la nouvelle pelouse synthétique de M’tsahara, ne saurait se réduire à un simple déplacement protocolaire. Elle doit marquer le début d’une prise de conscience forte : le football mahorais mérite bien plus d’attention, de moyens et de respect que ce qu’il reçoit aujourd’hui.
M. Kaya, directeur de publication
