Depuis le passage du cyclone Chido, l’association Tarehi Tsika s’est imposée comme un pilier de l’entraide dans la commune d’Acoua, localité du Nord-Ouest de Mayotte. Au cœur de cette dynamique solidaire, sa présidente — femme de terrain et de conviction — nous a ouvert les portes de son engagement. Entretien.
Pouvez-vous nous parler de la genèse de l’association Trarehi Tsika ? Quelles sont ses principales missions ?
Officiellement créée en 2024, l’association Trarehi Tsika a pour mission principale la préservation, la sensibilisation et la transmission du patrimoine de Mayotte. Son objectif est de remettre au goût du jour le « musada » (entraide) en réunissant les habitants autour de projets communs. L’association est soutenue et accompagnée par plusieurs associations de la commune (HCA, Louba Junior, Comédie Zamani, Zamani Taluha, ATM, Radio Paroles, ASPTT, madarassati Antoinya, madarassati Toiyaria, les femmes de la pêche aux djarifa, DARDAI Hazali.
Quelles ont été vos motivations personnelles pour vous engager dans cette association ?
Mon engagement dans Trarehi Tsika repose sur un attachement profond à la culture et à l’histoire de Mayotte.
Suite au cyclone Chido, après avoir vu certains lieux se dégrader avec le temps, il nous a semblé essentiel d’agir en complément des actions mises en place par les autorités. C’est aussi un moyen de fédérer les habitants autour de projets communs et de renforcer leur sentiment d’appartenance au patrimoine.
Quels ont été les principaux défis rencontrés lors du déblaiement du cimetière Madirou Bé et comment les bénévoles ont-ils surmonté ces obstacles ?
Après Chido, nous avons constaté que l’entraide existait mais qu’il fallait coordonner les efforts pour être plus efficaces. Nous avons donc commencé par évaluer les besoins sur le terrain.
Première action : Aider notre ami artisan Dardai Hazali (26 janvier, 15 février 2025) à dégager son atelier afin qu’il puisse reprendre son activité.
Deuxième action : Nettoyage des plages d’Acoua et de Mtsangadoua (09/02/2025)
pour enlever les débris dangereux, comme les tôles immergées, qui représentent un risque pour la population, surtout les enfants. Cette initiative n’était que la première phase, et d’autres interventions sont prévues.
Déblaiement de la rivière Mropo 23/02/2025). Cette initiative n’était que la première phase, et d’autres interventions sont prévues.
Défis rencontrés lors du déblaiement du cimetière Madirou Bé. Le cyclone Chido a causé des dégâts importants au cimetière Madirou Bé, notamment la chute d’un arbre centenaire, provoquant une forte émotion au sein de la population. De nombreux débris, dont des tôles, rendaient l’accès difficile.
L’ampleur des dégâts, nécessitant une main-d’œuvre importante. Le manque d’outils et de matériel adapté pour dégager certaines zones. Les conditions météorologiques instables, qui ont ralenti les opérations. Les bénévoles ont fait preuve de solidarité et de détermination, travaillant avec les moyens du bord. Certains ont apporté leurs propres outils, et une mobilisation collective a permis d’accélérer le nettoyage malgré les difficultés.
Quelle a été la réaction des habitants et des autorités locales face à cette initiative de restauration après le passage du cyclone Chido ?
L’initiative a été très bien accueillie par les habitants, qui sont venus nous solliciter et ont rapidement rejoint les bénévoles pour aider. Voir un lieu de mémoire restauré a suscité un sentiment de fierté et de respect. Les autorités locales ont manifesté leur soutien en mettant à disposition des moyens logistiques, comme des tronçonneuses, tout en soulignant le besoin de moyens supplémentaires pour renforcer ce type d’actions.
Quels sont les prochains projets de l’association pour améliorer les infrastructures et les sites symboliques du village d’Acoua ?
L’association ne compte pas s’arrêter là. Parmi les projets à venir : Reprise du nettoyage des plages d’Acoua (enlever les tôles restantes). Déblaiement de la rivière Mropo (suite) et du Mro Moha. Déblaiement d’un champ de vanille appartenant à un agriculteur de la commune. Organisation d’ateliers pédagogiques avec les jeunes pour transmettre l’histoire du village. Inventaire des pratiques et savoir-faire traditionnels de la commune d’Acoua.
Toute aide est la bienvenue ! Concrètement, voici comment chacun peut contribuer : Dons via la cagnotte Leetchi, qui permet de financer l’achat de matériel et les interventions sur le terrain. Participation bénévole, en rejoignant les actions sur place. Partage de l’initiative sur les réseaux sociaux, pour toucher un plus large public. Soutien des entreprises locales, via du mécénat ou du prêt de matériel.
Pour poursuivre nos actions, nous avons un besoin urgent de matériel et d’un soutien financier pour organiser de nouvelles initiatives et assurer le suivi des projets. Chaque contribution compte et permet de redonner vie au patrimoine d’Acoua.
Merci pour votre soutien !Propos recueillis par M. Kaya
