Le samedi 1er novembre, le village de M’tsangadoua a vécu une journée hors du temps, placée sous le signe de la reconnaissance et du souvenir. Sous un chapiteau décoré de vert, de blanc et d’or, anciens élèves, familles, responsables éducatifs et villageois se sont réunis pour rendre hommage à des figures marquantes de l’enseignement local, des hommes qui ont consacré leur vie à instruire et à guider la jeunesse du village.
Les enseignants honorés étaient Moussa Ahamada – affectueusement surnommé Moussa la maison –, Madi Abdou Chebani (Baban Lisa), Abourahmane Soilihi (M. Allemand), Moussa Mahamoud (dit “Petit”), Ibrahim Dahalani et Zoubert Rachidi. Tous ont reçu un trophée symbolique, orné d’un livre ouvert, symbole du savoir et de la transmission.
La cérémonie, ouverte par le directeur M. Landza (Ousseni), a rassemblé autour d’eux de nombreux anciens élèves. Certains, désormais enseignants, policiers, infirmiers ou artisans, sont venus saluer ces maîtres qui ont façonné leur parcours. L’émotion était palpable : chaque mot, chaque sourire semblait dire merci.
Toianti, l’ancienne élève a pris la parole au nom de la jeunesse reconnaissante du village. Dans un discours sincère et émouvant, elle a salué l’engagement, la rigueur et la bienveillance de ces enseignants : « Vous avez semé en nous les graines de la discipline, de l’effort et de la persévérance. Grâce à vous, beaucoup d’entre nous ont trouvé leur voie. »
Les doyens Abdou Chebani et Abourahmane Soilihi ont reçu une ovation particulière. Ils furent les tout premiers à enseigner à M’tsangadoua, posant les fondations d’une école encore jeune à l’époque. Quant à Moussa Ahamada, absent car hors territoire, il a été représenté par son fils, qui a reçu en son nom les honneurs de l’assemblée.
La journée a également été marquée par l’intervention de Mme Toianti, membre du comité organisateur Mdoua Events, qui a livré un hommage d’une grande justesse : « Vous avez fait de nous des policiers, des enseignants, des agents de santé, des commerçants, des pères et mères responsables. Cette célébration, c’est notre manière de vous dire merci et de vous souhaiter une retraite douce comme un vendredi sans devoir. »
Mais c’est la voix posée et pleine de sagesse de Zoubert Rachidi, ancien instituteur respecté du village, qui a donné à cette cérémonie toute sa profondeur humaine. « Ce n’est qu’une joie, parce qu’ils ont reconnu le travail que j’ai fait pour leur transmettre des connaissances. J’ai passé la plus grande partie de ma carrière en CM2, à l’époque du concours d’entrée en 6ᵉ. Une année, j’avais 27 élèves : ils ont tous été admis. C’était une fierté. »
Il a aussi livré un témoignage précieux sur l’évolution de l’école : « Les temps ont changé. Autrefois, les parents étaient nos alliés. Ils disaient : “Si mon enfant fait une bêtise, avertissez-moi.” Cette complicité rendait les élèves plus attentifs et respectueux. »
Enfin, en conclusion, il a adressé un message empreint de simplicité et d’humilité : « Je n’ai pas grand-chose à dire, sinon merci. J’ai simplement fait mon travail : j’ai aidé le village, accompagné les enfants, soutenu les élèves. Aujourd’hui, ils sont grands, capables d’aller plus loin encore. Ce qu’ils nous ont offerts vaut bien plus que tout ce que j’aurais pu espérer. »
Cette journée restera dans les mémoires comme un moment fort de la vie communautaire de M’tsangadoua — un geste rare et symbolique, qui rappelle que l’éducation est un héritage vivant.
« Une fois maître, toujours maître. »
Avec Yanie
