Interview

“Notre objectif est de faire de notre commune un lieu incontournable pour des événements majeurs”

À l’occasion de la quatrième édition du festival Soma Zamani, qui se déroulera du 1er au 4 août 2025, le journal local acoua-info a eu le plaisir d’interroger Marib Hanaffi, maire de la commune d’Acoua et fervent soutien de cet événement depuis sa première édition. L’un des premiers à croire en l’impact culturel et social de ce festival, M. Hanaffi nous livre son regard sur le chemin parcouru, l’évolution du festival et l’importance de ce type d’événement pour la valorisation de la commune d’Acoua.

Pourquoi avoir choisi de soutenir le festival Soma Zaman ?

Pour la petite histoire, nous avions initialement prévu d’organiser un grand festival afin de mettre en lumière les trésors culturels de notre commune. C’est dans ce cadre que nous préparions cet événement avec Latéral et Toibib. Mais voilà, Comédie Zaman est venue nous proposer le festival Soma Zamani, et nous avons immédiatement adhéré à l’idée. Pourquoi soutenons-nous ce festival ? Tout simplement parce que notre objectif est de faire de notre commune un lieu incontournable pour des événements majeurs, qui non seulement véhiculent une image positive, mais aussi valorisent nos richesses culturelles et naturelles.

Prenons l’exemple du festival Soma Zamani : il met en avant nos danses traditionnelles, notre gastronomie et nos jeux anciens. De même, le Trail du Nord, avec son parcours passant par des sites remarquables de notre commune, comme Bougou-Djambal, la plage de Fassefano, Mtsangadoua, Antsirkaboura, Anvatou madiniki, Maévaranou, et Mapera, est une belle occasion de découvrir la diversité de notre territoire.

Nous avons d’autres projets en tête, comme la Course de Pirogues. Bien que tout soit prêt, un problème d’assainissement empêche de rendre la plage accessible à la baignade pour le moment, ce qui freine l’organisation. Mais l’idée demeure : créer de grands événements qui mettent en valeur notre commune et tout ce qu’elle a à offrir.

Quel rôle joue cet événement dans la vie culturelle de la commune ?

L’objectif est de préserver avec rigueur nos richesses, en particulier nos richesses culturelles, car c’est en les pratiquant que nous assurons leur conservation. Si nous n’agissons pas, ces traditions risquent de disparaître, notamment nos danses, nos jeux anciens tels que Gari Kakazou, Wadaha, Tam-tam boeuf et le Carnaval. J’espère qu’ainsi, d’autres projets verront le jour, notamment dans le domaine du théâtre. Une autre initiative que j’aimerais mettre en place est de faire du festival Soma Zamani une scène où l’on vient concrétiser ses projets. Par exemple, une personne préparant un poème en kiboushi pourrait le lire sur scène, ce qui serait un excellent moyen de préserver notre richesse linguistique.

Mais au-delà de la culture, ce festival est aussi un véritable levier de développement économique. À travers cet événement, nous mettons en avant le tourisme et l’attractivité de notre territoire, en permettant la découverte de notre patrimoine et de nos sites archéologiques remarquables. Le festival joue également un rôle éducatif essentiel. Prendre la parole en public, que ce soit sur scène pour une pièce de théâtre ou un autre exercice, est une excellente opportunité pour nos jeunes de développer leur confiance et leurs compétences. Cela demande du courage et de l’audace, tout en contribuant à l’amélioration de leur niveau général.

Comment le festival contribue-t-il à renforcer le tissu social local ? 

Pour moi, le festival a indéniablement renforcé le tissu social local. Vous avez pu constater l’enthousiasme immense qu’il suscite, non seulement à Acoua, mais sur l’ensemble de Mayotte. Récemment, j’ai rencontré à Paris des Mahorais qui prenaient l’avion pour revenir et qui m’ont parlé du festival Soma Zamani. Certains m’ont même dit : « Nous, on va venir ! » J’ai alors saisi l’opportunité pour faire la promotion du festival et leur parler en particulier de la journée de théâtre du lundi, qui est vraiment exceptionnelle. C’est l’occasion de découvrir des pièces très abouties, interprétées par des jeunes talentueux qui donnent le meilleur d’eux-mêmes. Cet engouement dépasse désormais Acoua et touche tout Mayotte, ce qui montre que le lien social prend une véritable ampleur.

Au niveau local, à Acoua, ce lien social se renforce également. Les jeux auxquels participent les enfants, les activités sportives qui les réunissent, le carnaval qui rassemble aussi bien les adultes que les jeunes, et les associations qui s’impliquent autour de l’événement, tout cela contribue à tisser des liens solides. Il est réconfortant de constater que, dans un monde où nous sommes souvent isolés derrière nos téléphones ou devant la télévision, le festival permet aux gens de se retrouver, de discuter, d’échanger et de partager des moments conviviaux.

Pensez-vous que la culture est un levier contre la délinquance et l’exclusion? 

Nous sommes pleinement engagés dans cette démarche, car notre objectif depuis un certain temps est de mettre en place des dispositifs de prévention face à la montée de la délinquance. Le festival fait partie de ces « remparts » que nous instaurons. Lors des préparations pour les journées théâtre, par exemple, les enfants se préparent à prendre la parole sur scène. Pour des jeunes en difficulté, cela représente une véritable opportunité qui peut les toucher profondément et les amener à opérer un changement positif dans leur vie.

Il y a aussi la Maison de la Famille au CCAS, avec un encadrant que je trouve particulièrement efficace, qui s’occupe d’enfants rencontrant parfois des difficultés avec leurs parents, mais aussi d’autres jeunes qui s’en sortent bien. Ces jeunes sont accompagnés, et certains d’entre eux participent au festival en présentant des performances de danse ou d’autres activités. Ainsi, nous parvenons à encadrer des jeunes, à leur offrir une structure. C’est également le cas pendant le carnaval, où des jeunes sont pris en charge. L’objectif est d’aider ceux qui sont un peu perdus, souvent étiquetés comme délinquants, simplement parce qu’ils manquent de soutien.

Ces jeunes sont seulement négligés par leurs parents, mais aussi par les institutions. Ils ont donc besoin d’accompagnement, de repères pour les ramener sur le droit chemin, leur offrir une direction et leur permettre de rêver à nouveau. La scène théâtrale du festival peut offrir à un enfant ce levier, ce moment de transformation, pour qu’il trouve une voie différente et positive.

Quel est l’impact économique ou social du festival pour la commune d’Acoua ?

Pour poursuivre notre objectif de mettre en valeur notre territoire, je pense que nous aurons besoin de l’aide du journal local acoua-info pour renforcer cette dynamique et offrir une image encore plus positive de notre commune. Récemment, lors de mon passage à Marseille, j’ai remarqué certaines initiatives intéressantes qui non seulement valorisent le territoire, mais soutiennent aussi le développement économique local. Par exemple, j’ai acheté un porte-clés en bois avec le nom « Marseille » gravé dessus. J’ai trouvé que c’était une excellente idée : cela permet aux visiteurs de repartir avec un petit souvenir symbolique de leur passage.

En comparant avec Acoua, je me rends compte que nous n’avons pas encore de produits symboliques à offrir aux visiteurs, des éléments qui leur permettraient de dire : « J’ai visité Acoua, et voici ce que j’ai emporté ». C’est pourquoi je souhaite que nous proposions ce genre d’initiatives. Par exemple, acoua-info pourrait vendre des t-shirts ou des articles estampillés avec le logo de la commune ou des images emblématiques d’Acoua, comme celle de Bungu Jabal, Vatou Madiniki, la plage de Mtsangadoua ou d’autres lieux marquants. Ces produits pourraient être mis en vente pour les visiteurs.

À Marseille, par exemple, des t-shirts avec des images du Vieux-Port ou de Notre-Dame de la Garde sont populaires. Ces souvenirs permettent de promouvoir la ville et son identité. Je propose donc que nous réfléchissions ensemble à ce genre d’initiatives, en impliquant les associations, les commerçants, mais aussi vous (N.D.L.R, journal acoua-info), pour relayer ces idées et mettre en valeur notre territoire. 

Propos recueillis par M. Kaya

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