Interview

« Nous ne sommes pas contre le projet du plateau sportif, au contraire »

Depuis l’annonce du lancement du projet de la construction du nouveau plateau sportif couvert, le torchon brûle entre les parents d’élèves et la municipalité d’Acoua. D’un côté les élus veulent enfin lancer ce projet tant attendu par la jeunesse de la localité, de l’autre les parents d’élèves demandent de la sécurité et des garanties pour la continuité éducative après la démolition des deux salles de classes concernées par le projet.

Dans ce contexte de crise où le dialogue semble rompue entre les deux parties les sportifs observent la scène. En attendant les conclusions de la réunion prévue ce jour à 14H00 à la mairie, la rédaction d’acoua-info est allée à la rencontre des parents d’élèves dans la cour de l’école Acoua 2 pour comprendre leurs revendications dans ce bras de fer.

Cependant, on a accepté le choix de ce manifestant de garder l’anonymat. Entretien

Pouvez-vous nous expliquer les raisons qui ont poussé les parents d’élèves à s’opposer à ce projet de construction du plateau sportif tant attendu par la population?

Que l’on soit clair, les parents d’élèves ne sont pas opposés à la construction de ce plateau ou gymnase. On sait que la population, la jeunesse et les sportifs ont attendu ce projet majeur depuis près de 10 ans. On veut juste casser et reconstruire coûte que coûte au détriment de l’avenir de nos enfants. Le comble, cest qu’on nous propose comme seule alternative la rotation scolaire. Ce dispositif qui n’a fait aucune preuve dans le monde, ni en Europe ni ailleurs. La rotation scolaire n’est pas reconnue comme une méthode qui aide l’apprentissage, au contraire.

À Mayotte, on a tendance à accepter le provisoire qui finit malheureusement par devenir la norme. On a demandé à plusieurs reprises à la mairie de nous donner le document proposant l’étude d’impact du chantier qui va se tenir ici alors les cours sont censés en même temps se dérouler et à l’école Acoua 2 ainsi qu’à la maternelle. Une grue va y être installée sur le site. On veut des garanties que le chantier n’impactera pas au bien être et à l’éducation des enfants (bruit, poussière, problème de circulation, sécurité, inondation, impact environnementale).

De la mairie à l’école Acoua 2, la manifestation s’était déplacée ce lundi matin sur la route départementale avec un barrage en feu. Comment en est-on arrivé là?

C’est vrai, on a changé de méthode. La manifestation s’est déplacée sur la route départementale puisqu’on voulait être entendus au plus haut niveau. Que le préfet prenne conscience que à Acoua, l’enjeu de l’éducation est primordial. D’ailleurs les gendarmes sont rapidement arrivés sur place avec les pompiers pour éteindre le feux et dégager la route. On s’est mis en retrait sans pour autant chercher l’affrontement avec les forces de l’ordre. Je rappelle que c’est une manifestation purement pacifique.

Les deux salles de classes concernées seront dédiées à la construction des vestiaires, des équipements essentiels pour le bien être des pratiquants?

Oui. D’ailleurs on est ravis de savoir que nos sportifs, nos arbitres pourront bénéficier de vestiaires durant les compétitions. Ça va sûrement encourager les jeunes filles à la pratique sportive. On connaît l’importance des vestiaires pour l’intimité des jeunes filles. On est content qu’un gymnase est en cours de construction sur Acoua. Le projet a bénéficié de deux tranches de financement. La 1ère pour le plateau couvert, l’autre tranche est dédiée aux vestiaires. Mais une question. Elle où est la tranche réservée aux vestiaires?

Vous semblez inquiet de la façon dont s’est déroulé le déménagement du mobilier des deux salles de classes. Pouvez-vous nous en dire plus?

Hier, les agents municipales sont venus récupérer les tables, chaises et plusieurs autres mobiliers des deux salles de classes pour les mettre à l’abri, selon les agents. Mais ce qui nous choqué, c’est le faite de voir la population rentrer d’elle même sur le chantier, monter sur le toit et arracher les tôles, les portes, les vitres, les fenêtres, les poutres, les chevrons, les mains courantes avec tous les risques de blessures et accidents que ça pouvait engendrer.

Je rappelle qu’on est dans un chantier public. L’accès au public doit être réglementé voir interdit avec tous les risques qui peuvent avoir via un panneau de chantier. J’ai halluciné en assistant à ça. Je l’ai d’ailleurs assimilé à des scènes de pillages qu’on voit souvent à la télé. Pour moi l’école a été pillée et souillée, c’est ce qui m’a fait mal. Chacun partait avec ce qu’il pouvait au détriment de la sécurité. Il y’avait un balais de camions et voitures pour charger les affaires.

Dans tout ça avec la complicité de certains élus. Je pèse mes mots. J’ai vu un élu aider une personne à charger une gouttière dans sa voiture. Que voulez-vous que je vous dise? Les citoyens sont rentrés pour se servir parce que la mairie leur a donné feu vert. Du jamais vu.

Que répondez-vous aux personnes qui qualifient les manifestants de faire de la politique à travers ce mouvement? Et ceci, à quelques mois des échéances municipales qui s’annoncent passionnant?

Je ne suis pas d’accord. Les gens peuvent dire ce qu’ils pensent de nous. C’est la responsabilité de chacun. Les manifestants sont libres et ont le droit d’avoir leurs propres opinions et convictions. Ici, aucune couleur ou tendance politique n’est affichée sur notre piquet de grève. C’est un sujet public, qui passionne les débats. Libre à chacun ou chaque parti qui se sent concerné par la cause de nos enfants de se rallier à nous ou de mettre la question de l’école parmi leurs priorités pour les prochaines échéances. Au lieu d’unir notre force, la population se retrouve en mode dispersée, et c’est bien dommage. Je sais que le sujet passionne sur les réseaux sociaux notamment sur le groupe whatsapp Acoua (rires, …)

Pensez-vous que ce mouvement n’aura pas de conséquences sur l’avenir de l’association des parents d’élèves d’Acoua?

Non. L’association APECA a un président. Je ne peux pas parler pour lui. Cependant, je vois que la solidarité fait lourdement défaut à Acoua alors que les défis sont nombreux. L’école va mal et les parents se taisent ou regardent ailleurs. Comment voulez-vous qu’on soit crédible dans un mouvement où seuls quelques parents semblent se sentir concernés. Normal que les élus ne nous considèrent pas.

Une réunion est prévue cet après-midi à la mairie avec la municipalité. Quels sont les sujets qui seront abordés?

On aimerait que les parents d’élèves soient respectés dans cette commune. Notre objectif est clair: On veut que nos enfants puissent étudier dans des conditions optimales. Cet après-midi on proposera des pistes à la municipalité. J’espère qu’on sera entendus notamment à la réhabilitation des 5 salles de classes abandonnées à Acoua 3, pour les mettre en condition d’accueillir les enfants qui vont souffrir du chantier qui va démarrer. On pense également aux modulaires pour remplacer les salles de classes détruites. La mairie d’Acoua déclare ne pas avoir des sous et que les dépenses d’après Chido n’ont toujours pas été remboursées par l’état, mais la scolarité de nos enfants passe avant tout.

Propos recueillis par Fofana A.

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