Éditorial

Quand la peur s’invite à Acoua

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Acoua, localité du Nord-Ouest de Mayotte, petit coin de tranquillité niché entre lagon et collines, n’est plus tout à fait ce havre de paix que les habitants chérissaient tant. Ce week-end, des coups de feu ont brisé le silence d’une nuit ordinaire, transformant un simple moment entre amis en scène de chaos. Par miracle, aucun blessé. Mais la balle la plus dangereuse, cette fois, n’est peut-être pas celle qui aurait pu faire couler le sang : c’est celle qui a touché l’esprit collectif. Une balle invisible, nommée insécurité.

Car au-delà de l’acte lui-même, c’est la peur qui s’est installée. Silencieuse. Insidieuse. Celle qui pousse à se méfier de l’autre. Celle qui nous fait rentrer plus tôt, regarder par-dessus l’épaule, douter de l’avenir. Les armes, qu’elles soient réelles ou factices, n’ont rien à faire dans nos rues. Nos villages. Nos nuits. Et cette montée de violence, parfois impulsive, parfois calculée, doit être regardée en face. Ce n’est pas seulement un fait divers. C’est un signal d’alerte.

Les autorités doivent entendre l’inquiétude. La réponse ne peut être ni tiède, ni différée. Renforcer la sécurité, oui. Mais aussi, et surtout, réparer le lien social, réinvestir dans l’éducation, la médiation, la prévention. Car derrière chaque main qui tire, il y a souvent une vie abîmée, brisée, un vide, un cri qu’on n’a pas su écouter.

Les habitants d’Acoua méritent mieux que de craindre leurs propres nuits. Ils méritent qu’on se batte pour préserver ce qu’il reste de calme, de lien, d’humanité. Et cela commence par refuser de s’habituer.

M. Kaya, directeur de publication

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