Il y a, à Acoua, quelque chose de plus profond qu’un désaccord sur des salles de classe ou un projet de béton. Ce qui s’est fissuré, ce n’est pas un mur d’école : c’est la confiance.
Depuis plusieurs jours, les visages s’opposent là où ils devraient se comprendre. Des barricades s’érigent là où il faudrait des tables de concertation. Et tout cela pour un projet que, paradoxalement, tout le monde veut : un gymnase, un espace de vie, un lieu pour nos jeunes.
Le gymnase d’Acoua n’est pas un caprice politique. C’est un vieux rêve de commune, porté depuis plus de dix ans. Il devait symboliser le renouveau, l’énergie du Nord, l’avenir sportif et culturel de nos enfants.
Mais, faute de dialogue, le rêve s’est heurté à la peur. Peur de voir disparaître des classes, peur de ne pas être entendus, peur que la modernité se fasse au prix de l’éducation. Dans une île où chaque mètre carré se négocie entre mer, montagne et mémoire, il faut construire autrement : avec les gens, pas contre eux.
Construire un gymnase, oui. Mais sans démolir la parole. La mairie doit entendre que la population veut être associée, consultée, respectée. Les parents doivent aussi comprendre que les élus jonglent avec des budgets serrés, des contraintes administratives et des échéances imposées.
Le Département, partenaire essentiel, doit jouer pleinement son rôle de médiateur et d’appui technique pour éviter que le dossier ne sombre dans l’immobilisme. Un territoire ne se bâtit pas à coups de bulldozers ou de blocages. Il se bâtit par la concertation, la vérité des chiffres, la transparence des décisions et la dignité des échanges.
Reconstruire le dialogue avant les murs : voilà l’urgence d’Acoua. Car au fond, ce gymnase n’est pas qu’un bâtiment. Il est le miroir d’un choix collectif : voulons-nous bâtir des structures, ou une population capable de se parler ?
M. Kaya, directeur de publication
