Hier soir, la plage “Trois baobabs” de M’boanatsa, dans la commune de Bouéni, au Sud de Mayotte, s’est transformée en théâtre à ciel ouvert. Là, sur le sable tiède caressé par les vagues rieuses du lagon, un Massaï venu du Nord, Marley l’inégalable, a planté sa parole comme on plante une lance de rire dans les cœurs.
Originaire d’Acoua, ce griot des temps modernes ne vient jamais les mains vides : il apporte avec lui des contes fabuleux, des histoires qui sentent la vanille, le madjadjani, manga Nadamou, Mouroni Bouka, le Mont Jabalini, le sel et l’enfance. Des histoires qu’on croit avoir oubliées mais qui ressurgissent, comme des coquillages qu’on découvre enfouis sous la marée des souvenirs.
Marley ne parle pas, il enchante. Marley ne chante point, il conte. Son verbe danse et valse, ses gestes chantent, ses silences font rire. Sous les regards bienveillants des géants baobabs, témoins millénaires de mille secrets, il murmure au public comme on murmure à la mer. Et le public, conquis, chavire. Et s’extasie. Le Massai émerveille. Toujours. Comme toujours.
Les vagues applaudissent, les étoiles hochent la tête, même les crabes s’arrêtent pour écouter. Ce soir, les géants et imposants “Trois baobabs” boyautent parce que le Massaï est là à leurs pieds pour les pouffer de rire. Le Sud s’est laissé bercer par un vent venu du Nord, un vent nommé Marley. L’homme au verbe doux et à l’humour affûté. Le seul capable de faire rigoler un baobab.
Marley le Massaï, toujours plus conteur que comédien, toujours plus magicien que simple artiste, a une fois de plus prouvé qu’à Mayotte, l’art de faire rire est aussi un art de faire rêver. Chapeau à l’artiste !
M. Kaya, directeur de publication
