Face aux menaces quotidienne auxquelles sont confrontés les zones humides du village, le lagon et l’écologie en général, un collectif compte alerter et sensibiliser les autorités et la population quand à leurs préservations en cette période charnière de changement climatique.
Ce vendredi à 19h00 une vingtaine de personnes réparties sur plusieurs associations pilotes se sont retrouvées au camion bleu situé en contre bas de « Melrose plage » pour réfléchir sur la problématique de la dégradation des zones humides dans le village d’Acoua.
Au bout d’une heure et demie de débat très riche, plusieurs constats ont été dressés: « Les zones humides sont en danger, elles se rarifient. Certaines personnes profitent du silence et l’inaction des autorités locales et étatiques pour dégrader ces zones vitales pour s’approprier des parcelles, couper et arracher des plantes endémiques, faire des constructions en dur ou des routes, déverser des déchets en tout genre« , martèle un militant.
Parmi les sites les plus connus, on retrouve M’roni Fadi, connu également sous le nom de Gnambou situé en parallèle du Stade Bassin. Un lieu symbolique où jadis la population s’y rendait pour s’approvisionner en haut fraiche et nourriture ou même observer des oiseaux et plantes rares. Ce fut également lieu de rencontre entre les générations.
Ce site nécessite une attention particulière puisque représente plus de 80% de la surface des lieux humides d’Acoua. M’roni Fadi qui connait des dégradations galopantes en rapport avec l’activité humaine. Des constructions à même au pieds de la réserve d’eau ou des routes ont été ouvertes par des riverains afin d’accéder à leurs habitations.
Le cas de « La Piscine » autre source naturelle en eau située à deux pas de l’hôtel de ville, qui se retrouve asséchée depuis près de trois ans en raison du changement climatique mais surtout des constructions en dur dans le voisinage. Tout comme les rivières de M’ro Popo, Madjabalini, M’roni Karèra, et le forage d’Acoua 3 qui est mis en service depuis près de quatre ans. Ce dernier qui alimente tout le secteur évitant ainsi la population des coupures d’eau, véritable cauchemars de la population de Mayotte en ce moment. Acoua et M’tsangamouji demeurent les seules communes encore épargnée de cette problématique d’eau.
« Les autorités doivent faire de l’écologie, de la préservation des zones humides, du reboisement leur priorité, puisque le changement climatique est visible dans tous les coins. La commune d’Acoua a la chance de posséder ses ressources naturelles qui lui permet encore de lutter, mais jusqu’à quand ? », s’interroge Ramadani, le militant de l’association Acoua Tani Madiou (ATM) qui comme tous les membres du collectif voit l’échéance s’approcher.
Des démarches seront entrepris pour délimiter et protéger ces zones en collaboration avec la RTME (Régie Territoire Maecha Espoir) pour que Acoua qui sonne Agua en espagnol continue à retrouver sa grandeur, de cette ville où l’eau continue de couler en abondance, que les espèces (oiseaux et plantes) protégés continue à fleurir. Une idée de parc ou de parcours écologique a été avancée par l’assemblée. La restauration des anciens puits du villages, aujourd’hui dégradés a également été à l’ordre du jour.
Des rencontres informatives avec la population en guise de sensibilisation sont des armes efficaces pour lutter contre les menaces écologiques.
Le collectif compte agir au plus vite pour sauver ce qui reste.
Fofana A.