Billet

Zawyani a chanté. Et son cœur battait Débaa

Dimanche Débaa Acoua

Il était à peine neuf heures que déjà la mosquée de Zawyani se couvrait de lumière, non pas celle du soleil, mais celle des voix. Des voix de femmes, de filles, de fillettes. Des battements de mains, de pieds, de tambours. Des éclats de sourires et des étincelles d’émotion.

Ce lundi, le Débaa n’était pas qu’une danse ni qu’un chant. C’était une offrande. Une guérison. Une promesse murmurée en chœur. Sur le parvis sacré, cinq groupes de femmes sont venues faire danser les mots, celles qu’on appelle, qu’on attend, qu’on admire. Elles avaient tout appris, par cœur et par l’âme. Des semaines de répétitions pour un instant suspendu.

De 2 à 80 ans, toutes générations confondues, elles étaient là. Rassemblées. Portées par ce besoin de se retrouver, de se relever. Quatre mois après les larmes du cyclone Chido, après les silences pesants de Dikélédi, le village avait besoin d’un peu de ciel. Un peu de souffle. Un peu de lumière. Et les voix sont montées, pleines d’espoir, pleines de courage, pleines de vie.

« Le Débaa, c’est une histoire de générations », murmure Islamiya, l’une des organisatrices. Elle sourit, les yeux brillants. « Chaque année, après le ramadan, on le célèbre. C’est devenu un moment attendu, aussi précieux que le Moulidi Chitéti. On a failli tout annuler à cause du drame de samedi. Mais finalement, on s’est dit : c’est ensemble qu’on guérit. »

Alors elles ont chanté, dansé, prié, ri. Jusqu’à la fin de l’après-midi, Acoua s’est faite capitale. Non pas de la douleur, non plus de l’oubli — mais bien de la culture, de la mémoire et de la joie partagée. Et ce jour-là, Zawyani n’a pas seulement entendu le Débaa. Elle l’a ressenti, jusque dans ses pierres.

M. Kaya, directeur de publication

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