Témoignages

Déni des souffrances psychologiques et confinement !

Confinement: ce que tu révèles comme faille dans notre société mahoraise ? 

Depuis le 16 avril, nous savons que le confinement est prolongé jusqu’au 11 mai. Aujourd’hui, nous sommes à trois semaines de la fin d’un confinement stricte et vingt jours pour se préparer au déconfinement avec toutes les questions requises, les peurs, les angoisses et les incertitudes de l’inconnu. 

Nous allons faire le point sur notre communauté. Comment vivent nos compatriotes mahorais ici et là ? 

Nous observons la dureté du confinement sur l’île aux Parfums. Il y a probablement la peur de ne pas y arriver. La peur que l’hôpital déjà débordé et “malade” avant le coronavirus, manque encore cruellement de moyens et de capacité d’accueil ou de prise en charge médicale. 

Tous se demandent comment Mayotte va-t-elle s’en sortir au niveau sanitaire, ou est-ce l’effondrement anticipé du système de santé Mahorais ? Comment la population vit-elle cette crise sanitaire inédite ? Est-ce qu’elle arrive à exprimer leurs inquiétudes, leurs peurs, leurs doutes ? Les  Mahorais sont-ils pessimistes, fataliste ou juste résignés ? Quel est l’impact de la situation actuelle sur leur psychologie? À l’heure où je vous écris, un article évoque une surmortalité à Mayotte, trois morts par jour. Comment la population, les familles, vivent-ils ces pertes si dures ? 

Nous avons tant de questions sans beaucoup de réponses. 

Il est vrai que le confinement perturbe beaucoup à tous les niveaux et à tous les âges. Cela crée chez tous, des symptômes psychologiques (angoisse, insomnie, ruminations, peur de la mort, peur de perdre ses proches, peur de la maladie, peur de devenir fou, en plus des deuils difficiles à faire pour ceux qui perdent un être cher etc…), des douleurs somatiques (mal de ventre, maux de tête, maux de dos etc). 

Par ailleurs, nos jeunes étudiants sont particulièrement affectés. Ils s’inquiètent pour leurs familles, leurs amis et eux-mêmes. Ils ne se sentent pas en sécurité, certains souffrent de l’isolement, de la solitude, du manque d’activité et vivraient avec peu de moyens. Les réseaux sociaux deviennent une plate-forme pour crier leur détresse et se confier à défaut de la mise en place d’un dispositif d’écoute et de soutien psychologique spécifique aux jeunes mahorais ou aux mahorais de métropole. Une cellule comorienne Covid-19 existe cependant et des psychologues et psychiatre ou pédopsychiatre bénévoles se sont portés volontaires pour accompagner et prendre en charge psychologiquement les personnes originaires de l’archipel des Comores. 

En ce qui concerne, nos élus ou nos institutions, l’aspect psychologique semble secondaire bien que des psychologues mahorais bénévoles se sont manifestés pour apporter leur modeste contribution. 

Mais à Mayotte, faire appel aux psychologues n’est pas coutume, alors on préfère faire comme s’ils n’existaient pas et que nous pouvons, nous passer de leur service. 

Ainsi, nous constatons que le confinement révèle plus que des peurs et des angoisses. Il pointent le doigt sur des mentalités ancrées, rigides, qui ne sont pas prêtes de changer même pour le bien d’une société très certainement en très grande souffrance psychique. Est-ce un déni collectif ou individuel des maux psychologiques ou tout simplement la croyance selon laquelle, les mahorais gèrent bien leur état psycho-émotionnel et ils n’ont pas besoin d’écoute et de soutien psychologique très précieux en cette période de grands troubles et d’angoisses collectives internationaux ? Car ils semblent être forts, courageux et plus résistants que le reste de la population des quatre coins du monde. 

Quoiqu’il en soit, nous restons tous des êtres humains et en tant que tels, on est tous fragiles et vulnérables face aux difficultés des événements, pénibles, lourds et  traumatiques de la vie. 

Pour conclure, ne soyez pas forts, soyez vous-même, humain à l’écoute de vos émotions. Chacun d’entre nous à besoin d’évacuer ce qu’il y a de l’intérieur. C’est ce qui semble tout à fait normal. Car, c’est ce qui fait de nous des humains alors n’ayez pas peur et vous confiez-vous aux professionnels qui seront là pour apaiser la charge mentale de vos vies surtout en ce moment de haute tension où nos nerfs sont mis à rude épreuve. Ne gardons pas nos émotions à l’intérieur de nous, pensons à faire régulièrement notre ménage psychique pour notre bien et pour le bien des autres.

Sarahchroniqueuse de santé psychique

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