Témoignages

Psychologue : un métier de coeur sous-estimé et non valorisé !

Sarah, profession médicale

Psychologue : un métier de coeur sous-estimé et non valorisé!

Qui ne connaît pas ce métier si humain de par sa fonction de prendre en charge la souffrance psychique des individus. Les psychologues cliniciens en l’occurrence font partie intégrante du personnel soignant dans le service public ou privé. On les confond souvent avec les psychiatres qui eux sont des médecins spécialisés en psychiatrie qui peuvent prescrire des traitements contrairement aux psychologues qui soignent surtout par l’écoute, l’empathie, la bienveillance, la neutralité et bien sûr le plus primordial l’alliance thérapeutique. 

Pourquoi pourrait-on avoir besoin de consulter un ou une psychologue ? 

Tout d’abord, depuis longtemps la psychiatrie a toujours été réputée pour prendre en charge que des “fous”. Mais qui sont les fous ? Des malades mentales qui souffrent de psychoses tels que la schizophrénie, le paranoïa, les bouffées délirantes, décompensation psychique etc… Tout ce qui serait bizarre, étrange, incohérent au point de vouloir s’en protéger par un traitement psychotique lourd et/ou une hospitalisation quand c’est nécessaire. 

Mais alors pourquoi le métier de psychologue n’est-il pas reconnu à sa juste valeur ? Les psychologues sont là pour tout le monde, les plus déprimés au plus psychotiques. Tout le monde en a besoin à un moment donné de sa vie. 

Je me rappelle personnellement avoir choisi ce métier parce que je m’intéressais profondément aux autres et je voulais leur apporter un soutien psychologique pouvant les aider à sortir de leur mal être intérieur. 

Dès la quatrième au collège, j’ai alors décidé de me rendre disponible pour mes camarades de classe et leurs amis pour une écoute. J’avais préparé mon petit classeur où j’ai répertorié les questionnements de chaque jeune. Ils avaient la possibilité de me parler de plusieurs manières, par voie orale, par courrier ou par téléphone. 

Et c’était avec une très grande attention que je les écoutais. Je faisais de mon mieux pour les aider juste en les écoutant. J’étais bien consciente de mes limites mais je savais aussi que parler était thérapeutique, on pouvait par ce biais évacuer bien des choses. C’est ainsi qu’en troisième à la question, quel métier tu voudrais faire plus tard, c’était sans hésitation : psychologue ou psychiatre parce que je me suis intéressée très tôt à la souffrance psychologique. Cette dernière, une maladie plutôt invisible, était pour moi aussi importante qu’une maladie physique. Car certaines personnes qui souffrent moralement de façon intense peuvent aussi mourir en décidant tout simplement de se supprimer. La douleur psychique peut être si intense, si incontrôlable, si dure, si compliquée à la comprendre et à la traiter que certaines personnes peuvent décider tout simplement d’y mettre un terme à leur manière. 

C’est ainsi que 15 ans plus tard, je suis devenue ce que j’ai toujours rêvé d’être pour accompagner les personnes désireuse de prendre en charge leur souffrance psychique.

Je les aide du mieux que je peux avec les outils thérapeutiques que j’ai apprise et que je continue d’apprendre avec la formation tout au long de la vie. 

Aujourd’hui, je me rends compte que notre métier n’est toujours pas reconnu malgré tous les combats menés auparavant pour ne pas être les techniciens des médecins psychiatres ni faire parti du personnel paramédical. Nous avons une formation qui dure cinq ans après le Bac en plus des spécialités. Nous pouvons aussi être des docteurs en psychologie mais malgré tout ça, notre profession est sous-estimé. Nos collègues vivent dans une précarité aussi bien avec les contrats instables mais aussi un salaire bas qui ne semble pas tenir compte de la pénibilité de notre métier. Certains croient que notre rôle consistent juste à écouter. Comme le croyait un jeune délinquant rencontré en Maison d’Arrêt qui me dit: “J‘aurai su que votre métier existe, qu’il suffit juste de s’assoir dans un bureau et écouter les gens, je ne serai pas devenu délinquant mais psychologue. En effet, j’aurai préféré pour lui qu’il devienne psy que délinquant comme il le dit si bien. Mais être psychologue, c’est plus qu’un métier. C’est une vocation, une passion de se rendre disponible à la souffrance psychologique d’autrui peu importe les circonstances, nos problèmes personnels ou autre. Quand nous travaillons, nous nous sommes à 100 % à l’écoute de l’Autre, dans son histoire de vie, ses émotions, ses réflexions, ses peines, ses peurs et ses traumatismes. On s’oublie pour être attentif à autrui, dans la bienveillance, la neutralité, sans jugement et dans l’empathie nécessaire pour pouvoir l’accompagner dans ce qui lui fait mal au fond de lui.

Nous devons avant tout créer un lien qui favoriserait une relation de confiance et permettra à la personne de se confier naturellement. Il s’agit de permettre une bonne alliance thérapeutique propice à la prise en charge psychologique. 

Ainsi, le métier de psychologue demande d’être armé de manière à avoir une bonne écoute, de bonnes observations, et une analyse fine tel un enquêteur du cerveau humain , savoir cibler les problématiques psychiques essentielles pour pouvoir les traiter par voie médicamenteuse et/ou par la thérapie brève ou longue. Dans l’idéal , cela permettra de libérer la personne de son mal intérieur profond et certainement très douloureux. 

Enfin, choisir d’être psychologue, semble avant tout un choix humain, ce sont des personnes comme moi qui aime profondément l’humain et qui ne lui souhaite que le meilleur dans tous les domaines. 

C’est un métier admirable, honorable dont tout le monde pourrait en avoir besoin même les psychologues ou les psychiatres eux-mêmes. Car nous sommes tous fragiles et vulnérables. Et tous, nous avons besoin de faire un travail sur nous pour mieux se comprendre, savoir qui on est, connaître nos émotions face aux difficultés de la vie quotidienne, nos peurs, nos limites et nos mécanismes de défense pour se protéger de ce qui fait terriblement mal psychologiquement. 

Comme le pense Ovide :”Nous sommes lents à croire ce qui fait mal à croire”, d’où le besoin d’en parler, d’évacuer pour ne pas que ça s’accumule et que cela puisse développer des maladies somatiques ou psychiques tels que la dépression avec des idées noires voir suicidaires. 

Pour terminer,  psychologue est le métier qui prend soin des autres afin que ces derniers s’autorisent à la rencontre du bonheur, ces petits moments extraordinaires, magiques, joyeux qui nous font voir la vie du bon côté quoi qu’il nous arrive. 

En d’autre terme, nous aidons chaque jour les individus à mener l’un des plus grands et plus longs combats de leur vie: celui de la pulsion de la vie contre la pulsion de la mort. 

Sarahchroniqueuse de santé psychique

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